Lancer sud-africain avec Mathieu Courtin

Publié le vendredi 11 juin 2021 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Mathieu Courtin en plein lancer sud-africain

 

Mathieu est devenu champion régional de lancer 2018 avec un record homologué à 209,11 m en 26/100…

 

Le membre du team Normandie Appâts Mathieu Courtin a remporté un grand nombre de titres prestigieux. Il est ainsi un des rares compétiteurs français à avoir obtenu deux fois consécutives le titre de champion de France toutes catégories en surfcasting (2010 et 2018). Il a même été vice-champion du monde des clubs en 2008. Ce compétiteur dans l’âme est également un excellent lanceur puisqu’il est champion régional de lancer avec un record homologué à 209,11 m en 26/100 en 2018.

Mathieu nous explique dans ce tutoriel très détaillé comment effectuer un lancer sud-africain. Quand il est bien maîtrisé, ce lancer plomb posé est un des plus efficaces pour atteindre des distances maximales. Par rapport à un lancer plomb posé classique, la rotation du haut du corps donne une plus grande amplitude dans le geste et charge donc beaucoup plus la canne. Il est à noter que Mathieu utilise ici un arraché conique de 15 m qui permet d’encaisser la puissance de ce type de lancer. Il testait un prototype de canne et a réalisé ses lancers avec des plombs de 125, 150 et 175 g. Etant ici à l’entrainement et souhaitant atteindre des distances de lancer maximales, le corps de ligne de Mathieu est en nylon 16/100. Signalons également que le compétiteur utilise bien sûr un doigtier afin d’éviter de s’abîmer le doigt servant à lancer et afin de pouvoir appliquer encore plus de force durant le lancer. Retrouvez dans cet article tous les conseils du team Normandie Appâts concernant les arrachés, les doigtiers ainsi que les corps de ligne pour réaliser des lancers longues distances : 
http://www.normandie-appats.com/news/arraches-conseils-de-champions

 

 

La position pour préparer un lancer sud-africain s’effectue quasiment dos à la mer car la canne doit être parallèle à la berge. Cela permet de bénéficier d’une course plus longue et donc de pouvoir appliquer progressivement plus de puissance pour charger le blank.

 

 

La canne est parallèle au rivage et le plomb est posé dans son prolongement. Le bras droit est tendu loin vers l’arrière pour bénéficier de la plus grande amplitude possible dans le lancer. Le point d’appui se fait sur la jambe gauche. Dès le départ, les épaules sont encore orientées face au rivage malgré la rotation qui s’amorce.

 

 

La rotation commence par le bassin avec un transfert de poids du pied gauche vers le pied droit. Les épaules restent en arrière avec le bras droit toujours loin derrière pour avoir une amplitude maximale.

 

 

La rotation des épaules commence et elles se trouvent alors à 90 ° par rapport au rivage. L’appui se fait sur le pied droit avec la rotation des hanches. La canne est encore presque parallèle à la berge et placée loin derrière le lanceur scion vers le sol afin de retarder au maximum le basculement.

 

 

L’appui est toujours sur le pied droit mais le poids commence à se transférer vers le pied avant gauche. La rotation des épaules continue et le regard du lanceur est déjà dirigé vers l’avant et à 45 °. Le bras gauche tire le talon de la canne coude vers l’avant et en position haute au-dessus de l’épaule. Cette première impulsion commence à charger la canne – le blank se chargeant d’autant mieux avec le frottement du plomb sur le sable.

 

 

Le transfert de poids du lanceur s’effectue maintenant sur le pied gauche. Le bras gauche tire toujours plus loin vers l’avant et commence le basculement vers le bas alors que le bras droit pousse. La rotation sur un plan horizontal a déjà préchargé progressivement la canne et le basculement de la canne vers l’avant avec les bras continue à charger d’autant plus le blank sur un plan vertical.

 

 

La rotation des épaules continue et le lanceur est désormais entièrement face au rivage. Le transfert du poids du lanceur est maintenant totalement sur le pied avant gauche. Notez que la direction du lancer est conditionnée par la direction de ce pied. Le bras droit continue à pousser alors que le bras gauche ramène le talon de la canne vers le torse du lanceur. C’est dans ce basculement sur un plan vertical que la canne finit de se charger et que la vitesse d’exécution est maximale. Notez que la course du bras droit est moins ample que celle du bras gauche car celui-ci sert d’axe de rotation pour charger la canne. La force appliquée est surtout concentrée sur la main gauche qui ramène le talon de la canne vers le torse. Notez le regard de Mathieu dirigé à 45 ° - l’angle que doit prendre le plomb pour atteindre des distances maximales.

 

 

La main gauche tenant le talon de la canne est désormais totalement ramenée vers le torse. La main droite finit de pousser la canne et le bras est désormais totalement tendu. La canne est chargée au maximum. Le blocage de la canne s’effectue à 45 ° au moment où la ligne est libérée. La canne décharge alors toute la puissance accumulée dans le blank et propulse le plomb.

 

 

Conserver la canne dans l’axe du lancer comme le fait Mathieu permettra de limiter au maximum le frottement du fil dans les anneaux ou sur les lèvres de la bobine du moulinet. Vous gagnez ainsi de précieux mètres supplémentaires.

 

 

Mathieu vous conseille de récupérer la bannière de fil détendue en appliquant une tension avec la main gauche pendant que la droite mouline. Un fil détendu créerait des perruques lors des lancers suivants.

 

 

Après un lancer aussi puissant, un plomb lourd s’est enfoncé très profondément dans le sable et il n’est pas possible de le ramener au moulinet. Par rapport à un lancer vers la mer, l’avantage est ici de pouvoir mesurer au mètre près. Mais l’inconvénient est qu’il est nécessaire d’aller rechercher le plomb après chaque lancer. Mathieu nous a avoué qu’en lançant à chaque fois à plus de 200 m, les nombreux allers-retours d’une séance d’entraînement représentent de nombreux kilomètres ! Qui a dit que la pêche n’était pas un sport ?

 

Le lancer sud-africain commence sur un axe horizontal et se termine sur un plan vertical.

 

Conseils de Mathieu Courtin :

Le lancer sud-africain permet de lancer loin sans pour autant demander de la force. C’est plus une question de technique que de puissance. Il ne sert à rien de précipiter son geste lors de ce type de lancer. Au contraire : il est nécessaire d’accélérer progressivement afin de bien charger la canne au maximum. Cette accélération est constante jusqu’à l’étape du blocage à 45 °. Le transfert de masse au niveau des pieds est très important car il conditionnera la rotation des épaules. L’impulsion finale où le blank est chargé au maximum dépend surtout du bras gauche tenant le talon qui est rabattu contre le torse. La main droite pousse dans le même temps mais elle fait plus office d’axe de pivot. C’est cette rotation de la canne sur un plan vertical qui doit terminer de bander à son maximum la canne. Le blocage s’effectuant à 45 degrés doit être net. Aligner son regard sur cet angle est une bonne astuce.

 

En vous entraînant, n’hésitez pas à « rentrer dans le blank » afin de le charger au maximum. En fait, chaque canne possède sa propre puissance de lancer optimale. Les indications données par les fabricants sont purement commerciales (ex : 100 / 200 g). Vous constaterez que les distances maximales que peut atteindre votre canne sont généralement effectuées avec un poids très précis. Ainsi, si votre canne se charge au mieux avec un plomb de 150 g, un lest de 125 ou de 175 g occasionneront des lancers plus courts. Avec l’entraînement et quand vous maitriserez votre lancer sud-africain, vous constaterez également que votre distance de lancer maximale est presque toujours la même. Ainsi, sur les dizaines de lancers effectués ce jour-là, tous les impacts se trouvaient à quelques mètres près au niveau de la ligne du premier lancer.