Championnat du monde de surfcasting en Afrique du sud avec Laureen Dudit

Publié le vendredi 8 décembre 2017 par Stéphane Charles
  • Compétition

 

 

L’équipe de France à l’aéroport

 

Jeudi 2 novembre : arrivée à Labebaan Golf Estate en Afrique du Sud

 

Dès notre arrivée à l’hôtel, nous sommes déjà dans l’ambiance !

 

Vendredi  3 novembre : plage de Dwarskerbos

Nous nous entraînons sur la plage de Dwarskerbos avec l’équipe de France masculine. D’autres équipes sont arrivées avant nous et ont déjà plusieurs journées d’entraînement personnel. C’est ainsi par exemple le cas de l’équipe Belge.

 

L’équipe de France hommes et femmes juste avant l’entraînement

 

Durant cette journée, nous réussirons à toucher de nombreux poissons, ce qui nous a permis de définir quels étaient les montages les plus performants à utiliser pour la compétition. Les hommes de l’équipe de France font fort puisque chacun d’entre eux prendra entre 20 et 30 raies. De mon côté, je pêcherai 13 raies et les autres membres de l’équipe féminine en toucheront entre 10 et 15.

 

Laureen avec une des 13 raies guitares prises lors de l’entrainement du vendredi

 

Ce championnat du monde de surfcasting 2017 s’est déroulé à Langebaan en Afrique du sud au début du mois de novembre. Cette compétition a réuni 20 nations pour la catégorie hommes et 12 pays pour la catégorie femmes.

 

Carte des plages de la compétition

 

L’équipe de France hommes et femmes durant la cérémonie d’ouverture

 

Les membres de l’équipe de France Hommes sont Nicolas Gauthier, Frédéric Baudin, Kevin Bastiat, Jean Baptiste Villard, Mathieu Lubiato et Stéphane Acket. L’équipe de France dames était constituée d’Audrey Nuttens, de Crystelle Mesure, de Suzanne Becot, de Carole Evererard, de Manon Mainvis et de moi-même.

 

Affiche du championnat du monde 2017

 

Retrouvez ici le programme officiel de ce championnat du monde 2017 : https://www.fips-m.org/upload/pdf/brochures/2017/WCH-Shoreangling2017-SOUTH-AFRICA_FR.pdf

 

Les plages très plates d’Afrique du sud

 

Samedi 4 Novembre : nouvelle journée d’entraînement

Cette journée d’entraînement se déroule avec l’équipe des tunisiens. Contrairement au jour précédent, nous ne ferons malheureusement que très peu de prises puisque nous toucherons uniquement 2 poissons – hommes et femmes confondus !

 

La traditionnelle parade des différentes équipes

 

Dimanche 5 novembre

Nous participons à Langebann à la traditionnelle parade des équipes ainsi qu’à la cérémonie d’ouverture avec les hymnes nationaux. Nous aurons même la chance d’assister à un show aérien avec les Silver Falcon – l’équivalent en Afrique du Sud de notre patrouille de France.
J’ai participé à beaucoup de compétitions, mais j’avoue que c’est la première fois que je vois une cérémonie d’une telle ampleur !

 

La journée d’entrainement officielle fut très difficile !

 

Lundi 6 novembre

L’entraînement officiel s’est déroulé sur une autre plage que celle de la compétition, les organisateurs souhaitant la préserver pour le championnat. Située dans la Britannia Bay, celle-ci sera malheureusement très pauvre en poissons et bon nombre des compétiteurs resteront bredouilles – dont l’équipe de France homme et femme ! Ainsi, sur les 100 hommes présents, seuls 7 réussiront à faire du poisson. Au niveau des dames, seules deux compétitrices à peine réussiront à sortir chacune une prise sur les 63 présentes toutes nations confondues.

Retrouvez ici :

 

Cette raie guitare mesurée par les commissaires faisait 60 cm

 

Mardi 7 novembre 2017 : Première manche sur la plage de Velddrif

Cette manche fut assez difficile avec des densités de poissons très variables selon les secteurs de pêche attribués. Les premières heures, je fais un bon nombre de poissons et je réussis à être dans les dix premières au classement.

 

Cette raie offrira un beau combat à Laureen

 

Mais au bout de quelques temps, les prises s’espacent malgré toutes mes tentatives. J’essaie ainsi de pêcher au plus près, à mi distance ou encore à grande distance mais je recule au niveau du classement. Je vois ainsi les compétitrices près de moi faire plus de poissons sur des secteurs certainement meilleurs que le mien. En désespoir de cause, j’essaie à nouveau de pêcher au plus près des poteaux plantés à ma gauche dans peu d’eau. Je réussirai à sortir ainsi ma plus belle raie guitare de la journée (79 cm).

Malgré ce beau poisson et tous mes essais pour coller au score, ca ne suffira pas. J’ai fait en tout 27 poissons mais je finis néanmoins 32ème de cette première journée. L’équipe de France féminine termine 8ème sur 12 équipes avec 60310 points. De leur côté, les français se classent 6ème sur 20 équipes, ce qui leur permet de garder espoir pour la suite.

 

Voici le classement officiel de cette première manche :

 

Mercredi 8 novembre : Deuxième manche sur la plage de Dwarskerbos

La plage de Dwarskerbos était très riche en raies guitare. Un français a même réussi à faire 105 poissons en 4 h, - ce qui est exceptionnel et serait difficile à réaliser en France ! Grâce à ce score, Jean-Baptiste Villard rentré à la place de Stéphane Acket se classe 1er sur 20 de zone et termine 2ème au général. Nicolas Gauthier en fait de son côté 85 mais elles sont plus grosses et il termine ainsi premier de la manche ! L’équipe de France termine 2ème de cette

Du coté de l’équipe des femmes, c’est Audrey Nuttens et Manon Mainvis qui réussissent le meilleur score avec une 3ème place de zone chacune. Audrey est ainsi 13ème au général et Manon termine 12ème. Suzanne Bécot est 7ème de zone (34ème au général) et Carole Everard termine 8ème de zone (44ème au général). De mon côté, je me classerai 8ème de zone (36ème au général) avec 27 poissons dont une raie guitare de 74 cm.

 

Ce poisson de 37 cm est nommé poisson chat (Catfish) par les locaux

 

Je sortirai d’ailleurs un poisson étonnant de 37 cm que les locaux nomment catfish (poisson chat). Sur la photo, vous pouvez voir un plomb que l’équipe de France a utilisé et qui a été fait spécialement pour nous par la société francaise Lemer à l’occasion du championnat du monde 2017.

Retrouvez ici :

 

Raie bleue (Blue Ray) de 24 cm prise par Laureen lors de la troisième manche

 

Jeudi 9 Novembre : troisième manche sur la plage de Dwarskerbos

La compétition s’est déplacée plus au nord de la plage de Dwarkerbos par rapport au jour précédent. Avec le vent de mer de la nuit, les conditions ont cependant changé et les vagues sont bien plus fortes. La forte présence de laminaires rend la pêche très complexe.

Cette journée fut compliquée pour les femmes. Christèle Mesure se classe 5ème sur 12 (24ème sur la manche). L’équipe dame est ainsi 11ème sur 12 au général. Les hommes s’en sortent mieux et l’équipe se classe 5ème de cette journée et termine 2ème au cumul des trois manches, ce qui les autorise à espérer les plus hautes marches du podium.

 

Parmi les 19 raies prises ce jour là par Laureen, voici un beau spécimen de 77 cm

 

Je ferai en tout 19 poissons, ce qui me fait terminer 8ème sur 12 (37ème sur la manche). Ma plus belle raie guitare faisait 85 cm et m’a offert un magnifique combat. La raie guitare est une espèce particulièrement combative.

 

Voici le classement officiel de cette troisième manche :

Classements au cumul des trois manches

 

Vendredi 10 Novembre : quatrième manche sur la plage de Dwarskerbos

 

Laureen en train de préparer ses bas de ligne

 

Alors que nous devions initialement pêcher sur la plage de Veddrif nord, les organisateurs ont décidés que la dernière journée se déroulerait à nouveau sur la plage de Dwarkesbos. Comme la journée précédente, ils ont juste décalé la compétition plus au nord.

La mer est bien formée et s’avère très chargée en algues. La pêche est particulièrement difficile et les poissons sont rares. Voyant que les compétitrices à côté de moi faisaient quelques poissons dans les premières vagues, j’ai insisté au plus près mais cette tactique n’a pas marché pour moi. J’ai alors essayé à mi-distance puis aussi loin que je le pouvais mais je ne réussirai malheureusement à sortir qu’une seule raie de 30 cm.

Les hommes qui étaient pourtant bien placés au final des 3 manches sont malheureusement 10ème sur 20 lors de cette dernière journée. Ils terminent ainsi 4ème nation au cumul de toutes les manches, - à seulement une petite place du podium. De notre côté, cette journée s’avérera également très compliquée. C’est Audrey Nuttens qui s’en sortira le mieux en se classant 7ème de zone (35ème au général). De mon côté, je me place 10ème de zone et 50ème au général. Au final, l’équipe féminine termine 11ème nation de la manche et 10ème du championnat.

Voici le classement officiel de cette quatrième et ultime manche :

Classements final au cumul des quatre manches :

 

Une compétition dépaysante !

 

Une grosse mygale rencontrée dans un des couloirs de l’hôtel

 

Cette compétition a été dépaysante à plus d’un titre. Ainsi, après la deuxième journée de ce championnat, j’ai eu la surprise de rencontrer dans un des couloirs de l’hôtel une grosse mygale. De quoi vous faire vérifier l’intérieur de vos chaussures le matin avant de les enfiler.

 

Quand les pêcheurs d’Afrique du Sud partent à la pêche, ça se voit !

 

De même, il n’était pas rare de voir des pick-up chargés de cannes toutes montées sur des racks imposants. La pêche est vraiment un loisir important en Afrique du sud. En tous cas, ça donnait le ton pour la compétition ! Il y avait d’ailleurs de très beaux poissons à faire. Certaines équipes arrivées avant nous ont pêché des requins de 1 à 1,5 m, des raies de 5 à 15 kg ainsi que des maigres d’un poids compris entre 5 et 30 kg ! Du côté de l’équipe de France hommes, il y a même eu un passage où ils ont enregistré casse sur casse à cause de requins.

 

Prise en direct d’une belle raie guitare par Laureen Dudit !

L’espèce qui était la plus présente lors de cette compétition était la raie guitare (Guitar fish). On pouvait même les voir nager dans les vagues, ce qui est étonnant pour un poisson plat. Ainsi, en allant chercher de l’eau pour remplir mon seau, j’en ai vu une dans quelques dizaines de centimètres d’eau. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous pêchions souvent à de courtes distances, les raies se trouvant parfois très près du bord.

 

La raie guitare est une bonne combattante !

 

Le plus étonnant avec ce poisson est qu’il combat très vigoureusement. Aucun rapport avec les raies françaises ! Son départ est nerveux et il donne de puissants coups de têtes. J’ai même eu quelques spécimens qui m’ont gratifiée de chandelles hors de l’eau lors du combat ! J’ai également fait des raies aigle (eagle ray) et une raie bleue qui sont des espèces possédant des aiguillons venimeux sur leur queue. La raie bleue que j’ai prise s’est révélée très agressive. Lorsque je l’ai ramenée sur la plage, j’ai eu la surprise de la voir me menacer queue levée. Quand je bougeais, elle me visait et je voyais bien qu’elle attendait que je m’approche pour me piquer. Effrayant !

 

Les otaries étaient très présentes lors de la compétition !

 

Le fait de pêcher à côté d’otaries était spectaculaire. On en voyait souvent qui chassaient les mulets sous le fil de nos cannes. L’une d’entre elles a ainsi passé une bonne partie de la journée à se bronzer au soleil à moins de 100 m de moi en plein championnat. Mais avec la concentration liée à la compétition, on a malheureusement peu de temps pour s’y intéresser.

 

Certaines otaries s’intéressaient parfois aux poissons des compétiteurs !

 

Nous avons même vécu une anecdote incroyable. Alors que nous étions en pleine manche du championnat, une des compétitrices prés de moi échouait une raie guitare sur la plage lorsqu’une otarie s’en est emparée. L’animal s’est alors couchée sur le poisson comme pour nous dire qu’il lui appartenait désormais. La compétitrice a dû faire beaucoup de gesticulations pour la faire partir. Il fallait bien récupérer le poisson afin de le faire mesurer par les commissaires !

 

 

Le montage

 

Durant la compétition, j’ai surtout utilisé un montage avec 3 empiles courtes. Au début, nous pensions qu’utiliser de longs traînards serait parfait pour les raies. Mais à l’usage sur le terrain, nous nous sommes vite aperçues qu’avec ces poissons ayant tendance à se coller sur le fond, nous perdions alors beaucoup de temps en combat. En utilisant des empiles plus courtes, il est plus facile de décoller les raies du substrat et le combat est ainsi abrégé. En compétition, chaque seconde compte !

Mon bas de ligne fait entre 1,80 et 2,20 m. Les empiles sont maintenues par un émerillon rolling VMC n°9 coincé entre deux perles transparentes à facettes. La rotation est ainsi parfaite et on évite ainsi le vrillage des empiles. J’utilise le système du nœud collé pour maintenir cette potence. Il s’agit d’une simple ligature avec 5 à 7 spires jointives réalisée avec un bout de nylon. Une fois serré, ce noeud offre un coulissement dur qui permet de le placer au millimètre prés. Une fois l’emplacement exact trouvé, le point de colle permet une fixation robuste et sécurisée. Ce système est également très discret.

 

 

Au bout chaque empile, j’utilise un hameçon CX05 Yuki en taille 2/0. Fabriqué au Japon, ce dernier est particulièrement résistant. De type octopus avec une large ouverture, c’est un fort de fer qui a été forgé pour encore plus de robustesse. Sa forme renversée est parfaite pour la gueule des raies que nous recherchions en Afrique du sud. Il dispose d’une pointe rentrante ultra aiguisée de type lame qui pénètre bien les gueules dures. Il possède également un œillet assez large permettant d’utiliser des empiles de fort diamètre (ici 45/100).

 

 

Conseil de Laureen Dudit :

En utilisant ce montage à empiles courtes, il suffisait de coucher la canne fil légèrement détendu pour que les appâts reposent bien au niveau du fond. Nous pêchions parfois à très courtes distances dans quelques dizaines de centimètres d’eau. Ce montage à empiles multiples m’a permis de faire des doublés et même quelques triplés.

 

Concernant le choix de la plombée, cela dépendait bien sûr des conditions rencontrées. Il est en effet essentiel que le montage ne dérive pas pour la pêche des raies. Par temps calme, j’ai utilisé un plomb missile. Mais les derniers jours de compétition, il a fallu recourir à des plombs pyramides, - voire même à des plombs grappins afin de rester en place. Pour l’anecdote, sachez que certains de mes plombs étaient peints aux couleurs du drapeau français.

 

À peine sa prise sortie de l’eau et alors qu’elle est mesurée par les commissaires, Laureen a déjà changé de bas de ligne et relance !

 

Les appâts

 

Les appâts étaient fournis lors de la compétition chaque jour par les organisateurs de la compétition. Nous avions :

  • 10 mulets
  • 1 kg de sardines
  • 1 calamar d’environ 500 g

 

Laureen en pleine préparation des appâts

 

Les sardines ayant été congelées, je leur ai préféré le mulet qui offrait une bien meilleure tenue sur l’hameçon. J’ai remarqué dès mon arrivée que les otaries chassaient de petits alevins de quelques centimètres à peine. On en voyait de grandes quantités échoués au niveau des premières vagues. Etant donné que nous pouvions voir les raies guitares qui nageait très près de la rive, je pense qu’elles s’en nourrissaient.

 

La préparation des appâts prenait beaucoup de temps

 

J’ai donc fait des gueulins de 1 sur 3 cm que je ligaturais avec du fil élastique pour une bonne tenue sur l’hameçon. Roulés en tube avec la peau brillante vers l’extérieur, cette esche ressemblait parfaitement aux petites sardines échouées. Ca demandait néanmoins beaucoup de travail et je passais en moyenne une heure pour préparer tous mes appâts de la journée.

 

Une expérience fantastique !

 

Le repas de clôture avec l’équipe de France féminine

 

Ce championnat du monde a été une expérience qui restera inoubliable. Il n’y a peut-être pas de médailles pour les français mais il nous reste des souvenirs plein la tête. Dans ce groupe, je retiendrai surtout la rage de vaincre, la force, la cohésion, la motivation et l’entraide mutuelle. Une telle expérience est toujours une grande source de connaissances et l’échec est seulement une opportunité de recommencer de façon plus intelligente.