Sparidés d’automne en bateau

Publié le mardi 9 janvier 2018 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

 

Le choix du poste

 

Dès les premiers froids, les sparidés se trouvent dans des fonds plus importants que durant les beaux jours. Ils se tiennent ainsi dans des profondeurs de plusieurs dizaines de mètres où les températures restent bien plus stables. Le principe sera alors de rechercher les reliefs marqués susceptibles de les concentrer sur une zone précise. Cette étape est particulièrement importante puisque cette pêche s’effectue au mouillage. Le choix de l’emplacement détermine donc directement vos résultats en pêche. Vous rechercherez ainsi des zones telles que des tombants, des falaises sous-marines ou encore des structures rocheuses s’élevant à plusieurs mètres au dessus du fond. Dans des secteurs relativement plats (plateaux, secs, etc.) ou en présence de substrats sableux et coralligènes alentour, ces reliefs agissent comme des oasis dans le désert et attirent les sparidés. Ces derniers s’y rassemblent car ces zones sont riches en vie (coquillages, petits mollusques, etc.) et ils cherchent à y faire des réserves pour passer l’hiver.

 

Une recherche au sondeur des zones où se concentrent les sparidés est nécessaire

 

Il s’agira d’explorer chacun de ces secteurs au sondeur afin de définir où se concentrent les poissons avant de s’ancrer. Leur tenue peut varier d’un jour à l’autre. Ainsi, ils se trouveront au bas d’un tombant à un moment ou juste au début de cette déclivité à d’autres périodes. Ils « s’accrocheront » parfois à une pierre spécifique et en déserteront d’autres de manière inexplicable. Comme toujours en pêche, rien n’est jamais défini et un secteur prolifique hier pourra être vide le lendemain. Leur présence vous sera révélée par des échos nets et bien séparés à proximité immédiate du fond. Une fois le spot repéré, il sera alors conseillé de considérer la vitesse et la direction de la dérive avant de lâcher l’ancre. Le temps que celle-ci descende et que le bateau se stabilise dans le courant peut ainsi vous faire parcourir de grandes distances. Il sera donc nécessaire d’anticiper votre déplacement et de vous placer bien en amont du poste afin d’être parfaitement à l’aplomb de la zone d’activité lorsque l’ancre accrochera le substrat et que la corde se tendra.

 

Les veirades seront parmi les premiers sparidés touchés

 

Canne et ligne

 

Pour cette technique, les cannes habituellement utilisées possèdent un scion fin en fibre de verre plein. Ce matériau très souple est parfait pour indiquer les touches les plus fines et offre l’avantage de supporter des torsions assez importantes sans casser. Il est généralement doté de différentes couleurs qui faciliteront sa visualisation durant de longues heures – ces multiples teintes contrastant mieux avec l’eau qu’un coloris uniforme. Beaucoup de pêcheurs utilisent de longues cannes (3,5 à 4,5 m) afin de pouvoir manier de très longs bas de ligne. De manière traditionnelle, beaucoup d’entre eux utilisent ces cannes assez raides avec du nylon. Il est néanmoins possible d’utiliser des cannes plus courtes et à l’action bien plus parabolique avec de la tresse.

 

Une canne plus courte possédant une action très progressive permet d’utiliser de la tresse et s’avère bien plus légère

 

Ainsi, de nouvelles générations de cannes de 2,40 à 3 m offrent l’avantage d’être bien plus légères. Pour utiliser de la tresse qui ne possède aucune élasticité, nous vous recommandons de privilégier les modèles aux blanks très progressifs ployant jusqu’au talon afin d’éviter les décrochés. Ce type de canne absorbe ainsi les rushs et les coups de têtes des sparidés et, avec un frein bien réglé, les décrochages sont ainsi fortement limités. L’avantage de la tresse est ici de beaucoup mieux repérer les plus fines touches, même dans de grandes profondeurs.

 

Une buscle est fragile : soyez attentif quand vous récupérez votre montage !

 

Conseil du team :

Il sera nécessaire d’être très attentif lorsque vous remontez votre montage. En effet la plupart des casses au niveau de la buscle sont fréquemment causées par l’arrivée brutale d’une agrafe ou d’un coulisseau venant en butée sur le premier anneau. Le passage du bas de ligne de 6/7 m signalée par le bruit du nœud de raccord dans la rampe d’anneaux permettra de vous alerter à l’avance.

 

Daurade royale prise par Cyrille à plus de 50 m de profondeur

 

Le montage

 

Comme mentionné auparavant, nous avons pris le parti d’utiliser de la tresse en corps de ligne. Celle-ci offre l’avantage de bien mieux retransmettre les touches parfois très fines des sparidés dans des profondeurs importantes (plus de 50 m de fond). Nous vous recommandons néanmoins d’intercaler jusqu’à 6 à 7 m de fluorocarbone de 22 à 26 / 100 avant votre montage par souci de discrétion – la tresse n’étant pas transparente. Ce matériau possède effectivement un indice de réfraction proche de l’eau qui le rend presque invisible et il retransmet parfaitement les touches. Néanmoins, si vous enregistrez trop de décrochés à cause d’une canne un peu raide, l’utilisation du nylon sera recommandé car son élasticité naturelle absorbera bien mieux les coups de tête lors du combat. Cette partie devra être légèrement plus résistante que le bas de ligne (2 à 4 / 100 de différence) afin de ne pas perdre l’intégralité du montage en cas de casse lors d’un combat.

 

Les daurades grises vivant en bancs importants, il n’est pas rare de multiplier les prises

 

Nous vous recommandons d’utiliser un nœud de raccord tresse / fluorocarbone passant parfaitement dans les anneaux car ces derniers sont fragiles – surtout au niveau du scion. A l’usage, les nœuds de type FG ou réalisés avec une machine à nœuds sont parmi les plus fins et les plus agréables à utiliser. Ils permettent même de se passer de nœud au niveau du fluorocarbone. Il suffit pour cela de chauffer le bout au briquet pour obtenir une petite boule qui servira de butée et qui s’avérera bien moins épaisse qu’un nœud simple. Attention néanmoins lors de cette opération de ne pas bruler la tresse !

Les sparidés sont particulièrement méfiants et dans certaines conditions, ils peuvent le devenir plus encore. Ainsi, en présence d’une eau très claire offrant une grande visibilité, une forte luminosité, en absence totale de courants ou encore quand les poissons sont difficiles et mordent mal, il sera nécessaire d’employer un montage très discret.

 

Montage coulissant sparidés

 

Il sera tout d’abord recommandé d’utiliser du fluorocarbone de plus faible diamètre et d’allonger l’intégralité du montage. Ainsi, le bas de ligne pourra mesurer jusqu’à plus de deux mètres. Celui-ci sera réalisé avec du 24 / 100 et il sera même possible de descendre jusqu’à du 20 / 100. Avec de tels diamètres, le frein devra être parfaitement réglé et une canne très progressive sera alors recommandée. Afin d’éviter les emmêlements à la descente, une astuce sera de lancer le montage à l’écart du bateau et de l’arrêter juste avant l’impact avec l’eau – ce qui déploie alors le bas de ligne.

 

Ce type de montage coulissant est très discret

 

Toujours par souci de discrétion, on utilisera un coulisseau transparent de petite taille. Afin d’éviter des reflets métalliques suspects, l’agrafe et l’émerillon seront choisis dans un coloris noir. Il existe aujourd’hui des mini émerillons qui offrent des résistances étonnantes au regard de leur petite taille. Ils offrent également l’avantage d’être très légers et de n’opposer que peu de poids lors du coulissement.

 

Mini coulisseau transparent Flashmer

 

De même, nous vous conseillons d’employer un plomb plastifié au coloris noir mat. Afin d’éviter de fragiliser le nœud de raccord par les chocs du coulisseau fortement plombé, il est conseillé d’intercaler deux stop floats en silicone. Les modèles transparents contribueront encore à plus de discrétion.

Les sparidés ayant une forte dentition et une puissante mâchoire, L’hameçon employé sera un fort de fer dont le piquant devra être irréprochable. Les formes rondes à hampe assez courte de type chinu conviennent parfaitement à la gueule de ces espèces. Ici encore, privilégiez les modèles de couleur noire également dénommés « black nickel ».

 

Les appâts

 

Américains Normandie Appâts

Mourons Normandie Appâts

 

Si tous les vers Normandie appâts peuvent fonctionner sur les sparidés, certains seront néanmoins plus efficaces pour leur recherche spécifique. Ainsi, le mouron ou l’américain sont particulièrement appréciés par ces espèces. Afin de sélectionner les plus beaux spécimens, il sera même possible d’utiliser des américains XL dont la taille moyenne est comprise entre 15 et 25 cm.

 

Ce gros ver américain doit impérativement être esché à l’aiguille

Avec une bonne aiguille à vers et un peu d’expérience, l’eschage d’un beau ver ne prend que quelques secondes.

La présentation de ce ver américain est parfaite et saura séduire les sparidés les plus méfiants !

Quelques minutes après être arrivé au fond, touche et ferrage immédiat. S’ensuit un combat sympathique sur ligne fine…

…qui se termine par la prise d’un joli pageot !

 

Un autre ver a séduit notre team pour la recherche spécifique des sparidés : le Rag. Ce ver charnu et épais est ainsi très attractif sur ce type de poissons. Esché avec la tête au niveau de l’hameçon, il est assez résistant et a le don d’attirer les plus beaux individus.

 

Rag NORMANDIE APPATS

Bibi NORMANDIE APPATS

 

Avis du team :

Lors de nos sorties bateau, nous ne sortons jamais sans quelques boites de bibis. En effet, ce ver robuste à la peau épaisse est une excellente solution lorsque des petits poissons indésirables (girelles, serrans, etc.) grignotent les vers et « nettoient » les hameçons. Il est également parfait pour sélectionner les plus gros spécimens.

 

Les sparidés : des prises très variées

 

Très belle veirade prise par Cyrille au bibi

 

L’avantage de cette technique type de pêche est de permettre de touche un grand nombre d’espèces de sparidés. Une des prises les plus fréquentes sera la veirade qui est aussi nommée sar à tête noir ou sar royal (son nom scientifique est Diplogus vulgaris). Il est très facilement identifiable grâce à ses deux bandes noires verticales (une sur la nuque et l’autre sur la queue). Pouvant atteindre prés de 45 cm, c’est un poisson grégaire pouvant vivre en bancs très importants.

 

Certains vers fonctionnant mieux que d’autres certains jours, varier les appâts (ici un rag) permet de définir celui qui marche le mieux lors de votre cession.

 

D’autres types de sars pourront être touchés comme le sar commun (Diplodus sargus) qui se distingue de la veirade par 8 à 9 stries verticales plus ou moins foncées sur le corps. Le sar tambour ou sar à grosses lèvres (Diplodus cervinus) sera le plus gros sar que l’on puisse pêcher avec cette technique puisqu’il peut atteindre 55 cm pour plusieurs kilos. Reconnaissable grâce à ses 5 larges bandes verticales assez nettement dessinées, ce dernier est malheureusement bien plus rare. Il sera enfin possible de prendre le sar à museau pointu (diplodus puntazzo) qui ne pourra être confondu avec les autres sars. Il possède en effet des incisives dirigées vers l’avant qui lui confère son museau pointu si caractéristique.

 

La daurade royale est une prise très recherchée !

 

Une des espèces les plus prisées à pêcher avec cette technique sera bien sur la daurade royale (Sparus aurata). Il s’agit d’un sparidé pouvant atteindre des poids supérieurs à 7 kg (le record de France est de 7,360 kg !). Ce poisson est un farouche adversaire dont le combat n’est jamais gagné d’avance – surtout sur des lignes aussi fines. Cette espèce connue pour sa grande méfiance est aisément identifiable par la bande dorée entre les deux yeux lui ayant donné le surnom de « belle aux sourcils d’or ».

 

Il n’est pas rare de multiplier les prises de dorades grises

 

Un autre sparidé relativement abondant pourra également être touché dans ces pêches d’automne : la dorade grise. Elle est aussi appelée canthère, canthe, tanude, griset, etc. – Il faut avouer que ces noms sont bien plus pratiques à prononcer que son nom scientifique : Spondyliosoma cantharus ! Pouvant atteindre prés de 60 cm pour un poids de prés de 2 kg, ce poisson vit en bancs importants et si vous touchez une daurade grise, il y a de fortes chances que vous en touchiez d’autres !

 

Un pagre pouvant dépasser les 10 kg, les plus jeunes sujets tels que celui-ci seront relâchés

 

De son coté, le pagre (pagrus pagrus) sera le plus gros représentant de tous les sparidés pouvant mordre aux vers puisqu’il peut atteindre 80 cm pour plus de 10 kg. Les pêcheurs responsables auront donc à cœur de relâcher les plus jeunes sujets – la taille légale de l’arrêté du 29 janvier de 2013 étant une aberration (18 cm à peine !) quand on voit la taille adulte de ce poisson. Des sujets dépassant le kilo constitueront de belles prises. Ayant la même coloration rose que le pageot, on l’en distinguera par les extrémités de sa caudale qui sont blanches. Ce sparidé est un carnassier qui ne dédaigne pas un appât bien présenté. Sa présence se remarque bien souvent par l’arrêt complet de touches - les beaux spécimens faisant fuir les autres sparidés. C’est un redoutable combattant qui se défend âprement jusqu’au bateau mais de beaux coups de ligne peuvent être réalisés sur ligne fine. Ainsi d’un spécimen de 5,5 kg pris à l’appât sur du 23 / 100 que nous vous montreront dans un prochain article qui sera dédié à cette espèce noble.

 

Deux superbes pageots qui ont offert de beaux combats !

 

Le pageot commun (Pagellus erythrinus) est souvent confondu avec le pagre. Outre les pointes de la caudale qui sont de la même couleur rose que le corps, on l’en distingue également par son museau plus pointu. Tout comme le pagre, ce sparidé à l’excellente défense a la particularité de combattre jusqu’au bateau et de ne pas subir la décompression, même lorsqu’il est pris à plusieurs dizaines de mètres de fond. Le record de France a été établi en 2006 par M. Jean-Louis Latxague à Saint-Jean de Luz avec un pageot commun (Pagellus Erythrinus) d’un poids de 1,770 kg. Sachez néanmoins que des individus de plus de 2 kg sont fréquemment pêchés. Au-delà du kilo, c’est une prise fantastique sur ligne fine.

 

Avis du team :

En pêchant ces sparidés sur ces fonds rocheux avec des lignes aussi fines, une excellente maitrise du combat sera nécessaire avec de beaux poissons. Le frein sera parfaitement réglé au quart de la puissance de la ligne - au maximum au tiers. Le moment le plus dangereux est lorsque le poisson est encore à proximité des roches. Nous vous conseillons donc de le brider autant que possible dés le ferrage afin de l’éloigner des reliefs du fond où il cherchera à se refugier – provoquant ainsi fréquemment la casse. Une fois éloigné des zones rocheuses, il sera possible de « travailler » plus sereinement le poisson. Ne précipitez pas les choses et laissez le combattre en pleine eau. Ce n’est qu’une fois qu’il se sera bien fatigué que vous pourrez le remonter sans risques.