Pêche du rouget-barbet

Publié le vendredi 6 juillet 2018 par Emmanuel Laubu
  • Technique de pêche

 

Le rouget-barbet est un poisson fouisseur

 

Connaître le rouget-barbet

 

Nom scientifique : Mullus surmuletus

Famille : Mullidés

Noms communs : Rouget, rouget-barbet, rouget de roche, rouget surmulet, surmulet, barbarin (Bretagne), barberin (Vendée), malette (mer du nord), sourd (Granville), barbaout (Arcachon), routjet (Provence, Languedoc), striglio (Provence), tiglia di scogliu (Corse).

 

Beau rouget-barbet !

 

Le saviez-vous ?

L’origine de son nom scientifique Mullus vient du latin mulleus (rouge). Son nom français de rouget-barbet provient de la couleur dominante de sa livrée et à la présence de barbillons mentonniers qui l’aident à rechercher sa nourriture dans les fonds meubles.

 

Description

 

Le rouget-barbet a une taille moyenne comprise entre 10 et 30 cm mais il peut atteindre plus de 40 cm pour un poids dépassant le kilo. Ces gros spécimens vivent généralement dans de plus grandes profondeurs (jusqu’à 100 m). Le corps est allongé et cylindrique avec de grosses écailles bien visibles. La tête est assez grosse et son front est aplati. La bouche légèrement protractile se situe sous la tête et présente sous le menton deux barbillons orientables. Sa coloration est variable selon le milieu où il vit. Sa couleur générale est rosée / beige et il peut présenter des tâches ou des marbrures rouges. Il possède une bande de couleur brique / brune de l’œil jusqu’à la queue ainsi qu’une autre de couleur jaune se situant en-dessous. Il est à noter que le rouget-barbet devient rouge une fois mort.

 

Evitez de confondre

 

Le rouget grondin est reconnaissable par ses magnifiques ailes

Le rouget barbet peut être confondu avec le rouget de vase (Mullus barbatus) qui possède une teinte plus claire, un front plus abrupt ainsi que trois écailles sous orbitaires caractéristiques. Le rouget grondin (ou grondin-perlon) qui est également un poisson fouisseur se distingue du rouget barbet par une taille plus imposante (jusqu’à 75 cm pour près de 6 kg) ainsi que par ses larges nageoires pectorales d’un bleu électrique ressemblant à des ailes.

 

Biotope

 

Rouget-barbet en train de chercher sa nourriture dans le sable

 

Le rouget-barbet peut se rencontrer à proximité immédiate des côtes jusqu'à près de 100 m de profondeur. Cette espèce apprécie particulièrement les substrats meubles tels que les fonds sableux ou coralligènes où il cherche activement sa nourriture. S’il aime les plages, il peut aussi se retrouver dans des tâches de sable ou de graviers situées à proximité immédiate d’herbiers de zostères ou de posidonies. Il peut même se trouver au voisinage de roches pourvu qu’il y ait des zones présentant du gravier ou du sable. Son alimentation est surtout constituée de vers, de petits crustacés et de mollusques qu’il débusque dans le sédiment.

 

Le rouget-barbet vivant en bancs, il n’est pas rare de multiplier les prises

 

Cette espèce est particulièrement appréciée par les gourmets depuis l’antiquité pour sa chair fine et très goûteuse. Pour l’anecdote, il faut savoir qu’à l’époque de l’empire romain on estimait qu’un beau spécimen de rouget barbet pouvait coûter plus cher que l’homme qui l’avait capturé ! Sachez également que le foie du rouget est considéré depuis longtemps comme un met très raffiné. Ainsi, les pêcheurs professionnels méditerranéens ont l’habitude de le déguster sur une tranche de pain aillée. Ce foie est également très utilisé en sauce dans la haute gastronomie pour accompagner la chair du rouget mais également d’autres poissons. Il sera donc vivement conseillé de le conserver pour cet usage !

 

Réglementation :

Selon l’arrêté du 29 janvier 2013, la taille minimale de capture du rouget–barbet de roche est de 15 cm en Atlantique, Manche, Mer du nord et en Méditerranée. De même, selon l’arrêté du 17 mai 2011, chaque prise devra « faire l’objet d’un marquage » « Ce marquage consiste en l’ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale. »

 

Pêche spécifique du rouget

 

Rouget-barbet pris à la tirette

 

Le rouget-barbet est un poisson qui est le plus souvent pris par hasard lors de pêches à la calée ou encore en surfcasting. Mais avec une bonne connaissance de cette espèce et certaines astuces, il est néanmoins possible d’optimiser ses chances de pêcher ce poisson. Comme nous l’avons indiqué précédemment, le rouget-barbet est un poisson fouisseur qui remue les substrats sableux et coralligènes à la recherche de sa nourriture qu’il repère grâce à ses barbillons mentonniers. Ainsi, j’ai constaté lors de mes plongées sous-marines que ce poisson remuait infatigablement les fonds meubles en soulevant un nuage de sédiments. Sa tête peut alors être complètement enfouie et il laisse derrière lui des sillons caractéristiques. En considérant cette façon particulière de s’alimenter, il est donc possible d’attirer les rougets présents sur zone grâce à une technique particulière : la tirette !

 

Pêche à la tirette

 

La pêche à la tirette consiste en une récupération lente du plomb entrecoupée de pauses

 

Très pratiquée en eau douce, la pêche à la tirette est peu pratiquée en mer. A tord ! Cette technique permet en effet de couvrir beaucoup de terrain et s’avère très efficace sur les poissons fouisseurs. Le principe est de tracter un plomb qui soulève des nuages de particules attractives afin de faire croire aux rougets qu’un congénère est en train de rechercher de la nourriture. Elle sera donc réservée à des zones disposant de fonds meubles de type sablo-coralligènes. En fait, vous jouez autant sur l’instinct de compétition alimentaire que sur l’opportunisme du rouget qui sait que du sable soulevé fait apparaître les vers et les petits crustacés dont il se nourrit. Contrairement à une pêche en surfcasting classique ou à une pêche à la calée, cette technique est très active et la canne est le plus souvent tenue en main. Le principe consiste à effectuer une tirée de 50 cm à 1 m régulièrement. La cadence ira de 30 s à 1 minute environ pour chaque récupération. Lors de la traction canne basse, il faut que vous sentiez bien le plomb traînant sur le fond. Lors de l’attente, le fil doit rester bien tendu afin de ressentir la touche qui devra être sanctionnée par un ferrage immédiat.

 

En s’alimentant, le rouget soulève des nuages de sable

 

La canne utilisée devra être assez light pour permettre de ressentir les touches de ces petits poissons. Un modèle de type surfcasting light ayant une puissance de 60/120 g conviendra parfaitement. Il sera recommandé de lui associer un petit moulinet de surfcasting assez léger. Ce dernier sera garni de nylon de 18 à 22/100 avec un arraché réalisé dans du 30 à 40/100. Cet ensemble devra être confortable et suffisamment léger pour pouvoir être tenu en main de longues heures, - même s’il est possible de reposer de temps en temps sa canne sur un pique ou un trépied.

 

Le montage spécial rougets

 

Montage spécial rougets

 

Ce montage tirette est assez simple à réaliser. Le traînard est relativement court (environ 70 cm) afin que l’appât reste à proximité du plomb qui a attiré les rougets. Il est réalisé avec du fluorocarbone en 16 à 20/100. Cette finesse apportera une plus grande discrétion qui optimisera l’efficacité du montage. Cette espèce ne dépassant pas le kilo, il est de toute façon inutile d’utiliser de trop forts diamètres.

 

Petits rollings

Micro-perles

 

Le système d’attache au bas de ligne sera également très discret. Un micro-rolling assurera une rotation parfaite du traînard qui évitera tous les problèmes de vrillage dus à la récupération constante du montage.

 

Nœuds de blocage collés

 

Des petites perles dures maintenues en place par des nœuds de ligature collés contribueront à une parfaite mobilité du rolling. L’hameçon sera un fin de fer très piquant car le rouget barbet possède une bouche fragile. Privilégiez un modèle à palette qui facilitera l’eschage du ver. Etant donné la taille de la gueule du rouget barbet, une taille 8 à 10 sera recommandée.

 

Plomb sabot spécial tirette Delalande

 

Le plomb tirette possède une forme spécifique qui se tient toujours à la verticale et qui est conçue pour ne pas accrocher dans les roches. Son profil particulier le fait glisser sur les substrats meubles en soulevant de nuages de particules attractives. Il ne dispose pas d’anneau et il sera donc nécessaire d’utiliser une agrafe de bonne taille pour pouvoir l’attacher au rolling du montage. Ce dernier évitera les problèmes de vrillage – aussi bien lors du lancer que durant la récupération.

 

Le mouron : l’appât de choix pour le rouget !

 

Mourons Normandie Appâts

 

Un des meilleurs appâts pour le rouget barbet est sans conteste le mouron. Il sera conseillé de l’escher à l’aiguille car la pêche à la tirette consistant à ramener constamment son montage l’expose à des contacts sur le fond. Afin d’éviter qu’il ne se tasse, nous vous recommandons de laisser un brin de nylon dirigé vers l’arrière quand vous réalisez votre nœud (nœud dit « pyrénéen »). Ce ver est vraiment d’une redoutable efficacité sur ce poisson et, associé au montage tirette, il a tendance à sélectionner cette espèce.

 

Le rouget-barbet adore le mouron !

 

Vous constaterez que malgré sa petite taille, le rouget barbet produit des touches violentes. Il peut d’ailleurs s’attaquer à des bouchées assez conséquentes. Il sera conseillé de modérer son ferrage et de le ramener doucement car sa bouche est fragile. Une récupération trop rapide peut ainsi provoquer de nombreux décrochés – l’hameçon pouvant alors déchirer les chairs tendres de sa gueule. Le rouget étant un poisson grégaire vivant en banc, il sera conseillé de relancer dans la même zone où vous en avez pêché un afin de multiplier les prises. Ainsi, il n’est pas rare de prendre de nombreux rougets sur le même secteur.

 

Beau rouget barbet pris au mouron !