Pêche des orphies avec Laureen Dudit

Publié le vendredi 1 octobre 2021 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Laureen Dudit du team Normandie Appâts avec une orphie prise en surfcasting

 

 

L’orphie : la « bécasse de mer »

 

Orphie commune (Photo d’euparkería / Wikipedia)

 

Nom scientifique : Belone belone 
Famille : Belonidae (belonidés)
Noms communs : Orphie, orphie commune, orphie vulgaire, aiguille, aiguillette, bécasse de mer, becassine, poisson cornu, écarfi, aguillo (Provence)

L’orphie est un poisson dont la taille commune est de 30 / 40 cm mais il peut dépasser le mètre pour un poids maximal d’1 kilo. Son corps de section presque ronde est très long et effilé. Il présente une tête armée d’un long bec qui est doté d’un grand nombre de petites dents très acérées et de petites aspérités à l’extérieur. Sa mâchoire inférieure est un peu plus longue que la supérieure. Les nageoires sont très reculées vers l’arrière du corps par rapport à la tête. Ainsi, la dorsale et l’anale se retrouvent au milieu de son corps. Vous noterez que l’orphie possède de très petites écailles qui s’enlèvent très facilement. Sa livrée présente une couleur bleu – verdâtre sur le dos, des flancs argentés et un ventre blanc.

 

Le saviez-vous ?

Gravure extraite de l'histoire naturelle des poissons (allgemeine Naturgeschichte der fische, I) de Marcus Élieser Bloch 1783

Saviez-vous que l’origine de son nom proviendrait du philosophe Aristote (en grec : orphos) puis du célèbre écrivain romain Pline l’ancien (en latin : orphus) ? Son nom scientifique vient de belone signifiant aiguille en grec. Certaines parutions annoncent que les orphies peuvent peser jusqu’à 5 kg pour une taille avoisinant le mètre. Ce rapport poids / taille est totalement fantaisiste car elle serait alors bien plus grosse qu’un barracuda !

 

 

L’orphie se rencontre sur toutes les côtes françaises. Ce poisson est un épipélagique, - c'est-à-dire qu’il vit dans les couches de surface et qu’il se déplace beaucoup pour trouver sa nourriture. Cette espèce grégaire vit en bancs pouvant compter jusqu'à plus d’une centaine d’individus. Ce poisson se rapproche des côtes dès que les eaux de surface se réchauffent et il y reste jusqu’à l’automne. On le retrouve sur les plages, les côtes rocheuses, dans les embouchures, les sorties de ports ou de canaux, les golfes, etc. Les orphies sont des prédateurs chassant en meute de petites proies (alevins divers, anchois, sardines, etc.) mais qui s’alimentent également de petits crustacés, de macro-planctons, de larves, de vers, etc. Quand elles chassent ou qu’elles sont poursuivies par des prédateurs, les orphies peuvent jaillir hors de la surface de l’eau en effectuant des bonds successifs. Tout comme la sardine, elle est une des proies favorites de nombreux prédateurs, des sparidés carnassiers tels que le denti ou le pagre aux plus gros pélagiques tels que le thon rouge, la sériole, les liches, etc. C’est la raison pour laquelle les pêcheurs apprécient particulièrement ce poisson utilisé comme vif.

 

Montage 2 X 2 de Laureen Dudit

 

Encore ici, Laureen utilise son montage 2 X 2 décidément ultra polyvalent. Il est initialement destiné aux plages profondes et pour les poissons évoluant à mi-eau ou à proximité de la surface. Sur les plages plates, il sera très intéressant pour prospecter les couches d’eau situées juste sous la surface. Il permet ainsi de toucher aussi bien les bars francs, les bars mouchetés, les maquereaux, etc. que les poissons aujourd’hui visés : les orphies ! Comme l’indique son nom, ce montage est constitué de 2 longues empiles en nylon de 2 m en 26/100. Ils sont fixés sur le bas de ligne par un petit rolling encadré de perles dures collées afin de leur assurer une parfaite rotation multidirectionnelle.

 

Grâce à la perle flottante et au sequin, l’appât flotte et bouge dans les courants

 

Au bout de chaque empile, une perle flottante recouverte de paillettes métallisées et un sequin à facette couleur chrome sont placés juste devant l’hameçon. La perle flottante surélève l’appât vers les couches de surface. De son côté, la grande portance du sequin dans les courants fait bouger l’appât de façon très attractive. Les poissons sont également attirés sur de grandes distances par les puissants reflets apportés par cet ensemble perle / sequin s’agitant dans les couches de surface. Avec un hameçon taille 5, ce montage est assez polyvalent pour s’adresser aussi bien aux poissons de tailles modestes qu’à de plus beaux spécimens. C’est très efficace sur des prédateurs tels que les bars (francs et mouchetés), les mulets, les maquereaux et bien évidemment…sur les orphies.

 

Demi-dures Normandie Appâts
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Pour les orphies, Laureen apprécie beaucoup la demi-dure Normandie Appâts. Tout comme pour les maquereaux ou les mulets, l’avantage de ce ver est sa structure tendre et goûteuse. L’orphie ayant un bec long mais très étroit, la demi-dure s’écrase à la moindre pression de la mâchoire. À l’instar de la pêche du mulet ou des pêches des petits poissons de roche, c’est un réel atout pour pêcher ce poisson qui est capable de causer de nombreuses touches sans suite avec des appâts trop résistants.

 

 

L’intérêt de la pêche des orphies

 

Orphie prise par Laureen avec son empile dotée d’une perle flottante et d’un sequin

 

Tout comme pour les maquereaux ou les mulets, l’intérêt que porte Laureen aux orphies est de passer du bon temps à la pêche tout en s’entraînant à pêcher en surfcasting. C’est en effet une pêche plaisir ultra ludique et active qui peut rapporter de très nombreuses prises. De même, la compétitrice sait bien que ces poissons peuvent rapporter de nombreux points lors des concours – et on l’a bien vu lors du championnat de France 2021 !  Autant de raisons qui en font un poisson très intéressant à pêcher ! Sur ses plages vendéennes, Laureen recherche l’orphie en même temps que les maquereaux ou même les aloses car il est fréquent que toutes ces espèces chassent en même temps. Elle privilégie surtout les deux dernières heures de la montante et bien souvent, les orphies sont alors très proches de la plage pour chasser les sprats

 

Laureen avec une belle orphie prise à la demi-dure

 

La pêche des orphies est très intéressante car les touches peuvent être difficiles à négocier. En effet, ces poissons au bec très étroit ont du mal à bien se piquer à l’hameçon lorsqu’elles mangent l’appât. Il est ainsi fréquent d’avoir de très petites touches à répétitions et le pêcheur ne sait alors quand ferrer. Ces poissons sont également les spécialistes des « touches à revenir » -ce que Laureen nomme des « touches à détente » car le scion bandé se détend soudainement de sa tension initiale. C’est un excellent exercice pour appréhender les touches les plus timides de poissons plus nobles et la compétitrice le sait bien !

Une autre difficulté avec ce poisson est son combat très aérien. Tout comme un tarpon ou un tassergal, ce petit prédateur effectue souvent des sauts hors de l’eau et les décrochages peuvent alors être fréquents. Il sera donc conseillé de ramener l’orphie doucement sans gestes brusques en prenant tout votre temps. Essayez également de mettre le moins de tension possible sur la ligne car le poisson pourrait prendre appui sur le blank de la canne pour se décrocher. Retrouvez ainsi un bon exemple avec cette vidéo montrant Laureen combattant une orphie lors de sa dernière session :

 

 

 

Un poisson à pêcher surtout pour le fun !

 

Joli doublé d’orphie pour Laureen !

 

Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, l’orphie est comestible. Ce qui rebute surtout les consommateurs sont ses arêtes vertes. Cette teinte provient de la vivianite (phosphate hydraté de fer) et de la biliverdine d’origine biliaire. Cette couleur verte intense ne la rend néanmoins pas nocive pour autant et n’altère aucunement son goût. Il faut toutefois reconnaître que la chair de l’orphie est assez dure et surtout sèche – ce qui la rend peu goûteuse. C’est en somme un poisson qu’on recherchera surtout pour le fun – ce qui est l’essence même de la pêche !