Pêche de la dorade grise aux vers

Publié le vendredi 19 mai 2017 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

Connaître la dorade grise

 

Nom scientifique : Spondyliosoma Cantharus.

Famille : Sparidae (sparidé)

Noms communs : Selon les régions, la dorade grise est également nommée griset, canthe, canthère, canthare, tanude, gallet, brème de mer, etc.

 

Hermaphrodite, la dorade grise est d’abord femelle puis devient mâle à l’âge de 7 / 8 ans. C’est un poisson pouvant atteindre 60 cm pour un poids maximum de 3 kg. Ce sparidé a un régime alimentaire très varié : gastéropodes, bivalves, céphalopodes, crustacés, petits poissons, etc. Les vers (annélides) constituent néanmoins une part importante de leur alimentation et s’avèrent très efficaces sur cette espèce. En fait, le ver est une véritable friandise pour la dorade grise !

 

Les plus jeunes dorades grises se rencontrent généralement prés des côtes dans des fonds de moins de 20 m. Les individus plus âgés (et donc plus gros) apprécient des fonds plus importants. Ces dorades grises adultes vivant dans des fonds sableux à des profondeurs pouvant atteindre les 300 m, ce n’est qu’aux beaux jours qu’elles se rapprochent des côtes pour rester dans des fonds compris entre 20 à 50 m. C’est la raison pour laquelle la pêche des plus beaux sujets s’effectue essentiellement en bateau lors de l’été et en automne.

 

 

Réglementation : Selon l’arrêté du 29 janvier 2013, la taille minimale de capture de la daurade grise est de 23 cm. De même, selon l’arrêté du 17 mai 2011, chaque prise devra « faire l’objet d’un marquage » Ce marquage consiste en l’ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale. »

 

 

Le matériel

La canne :

Comme pour la pêche de tous sparidés, une canne au scion très sensible de type buscle permettra de mieux détecter les touches timides de la dorade grise et évitera quelle ne sente trop de résistance en mordant. Si certains spécialistes utilisent des cannes dépassant parfois les 4,5 m, nous vous conseillons plutôt des modèles de 2 à 3 m qui s’avèrent plus légers et maniables.

Le moulinet :

De taille 3000 à 4000 et doté d’une récupération proche d’un mètre par tour de manivelle, celui-ci devra avoir un frein très progressif et précis afin de contrer les rushs brutaux de ce sparidé.

Ligne :

Selon vos habitudes, vous pouvez pêcher aussi bien avec du nylon qu’avec de la tresse. Néanmoins, le nylon ayant une élasticité pouvant atteindre 20 % et offrant une résistance supérieure à l’eau, celui-ci sera surtout utilisé dans de faibles fonds (28 à 30 / 100 recommandé). Dans de plus grandes profondeurs (30 à 60 m), l’usage de la tresse sera privilégié. En effet, son absence d’élasticité permet de mieux ressentir les touches de la méfiante dorade et son très faible diamètre fend mieux les courants. Une canne très progressive sera néanmoins recommandée afin d’éviter les décrochés. Une tresse 8 brins de 10 à 14 /100 (# PE 0.8 à # PE 1.2) sera ainsi parfaite pour cet usage.

Bas de ligne :

La dorade grise étant particulièrement méfiante, nous vous conseillons l’utilisation en bas de ligne d’un bon fluorocarbone en 26 à 28 / 100 d’une longueur de 3 à 4 m. Son indice de réfraction étant très proche de celui de l’eau, ce matériau est en effet très discret.

Montages :

Ce montage est excellent pour les pêches à soutenir car le traînard fait reposer l’appât sur le substrat, -ce qui est important pour ce poisson se nourrissant directement sur le fond. Sa longueur apporte une meilleure discrétion et permettra d’éviter que la dorade ne sente trop rapidement une résistance, ce qui lui ferait lâcher l’appât. En présence de forts courants, nous vous conseillons d’utiliser un traînard plus court et de plus fort diamètre afin d’éviter les emmêlements. Par conditions calmes et avec des eaux très claires, le traînard sera plus long et d’un diamètre plus fin afin de déjouer la méfiance de la dorade grise.

 

Conseil du team :

Il est possible d’ajouter une empile plus courte située plus haut sur la ligne pour les poissons au-dessus du fond. Il sera néanmoins recommandé d’augmenter le diamètre utilisé afin de ne pas casser en cas de prises multiples. De même, une empile placée plus haut est souvent trop fréquemment attaquée par des poissons « parasites » tels que les maquereaux quand ils sont présents en grand nombre. En présence de prises régulières de dorades, un montage uniquement constitué d’un traînard s’avère généralement suffisant.

 

 

 

Ce montage coulissant pourra être utilisé lorsque le bateau est au mouillage. Tout comme le montage traînard, nous vous conseillons de vous adapter en allongeant le bas de ligne et en réduisant son diamètre lors de conditions très calmes ou en présence de poissons mordant du bout des lévres.

 

 

Hameçons

Selon les vers utilisés et en fonction de la taille des poissons présents, un hameçon de 6 à 4 s’avérera suffisant, - un n° 4 étant une bonne base. La gueule de ce sparidé étant petite par rapport à son corps, de telles tailles sont vivement recommandées. Celui-ci devra être choisi avec une forme ronde correspondant mieux à la bouche de ce sparidé. Il devra également être fort de fer, doté d’une hampe courte, d’une ouverture large et disposer d’un excellent piquant. Notez qu’un hameçon à palette permettra de mieux escher vos vers car ils s’abîment moins lors de la mise en place.

 

 

 

 

 

La dorade grise apprécie les zones sableuses, les fonds coralligènes et les gravières situées au bas de tombants rocheux ou encore de têtes de roches sous-marines. Les plateaux rocheux caressés par les courants constituent également d’excellents postes. Une bonne stratégie est de commencer la pêche avec une dérive lente afin de localiser les bancs de dorades, cette espèce étant grégaire. Un montage à soutenir avec un traînard sera alors idéal car il présente l’appât directement sur le fond. Ce n’est qu’une fois les dorades repérées que vous vous ancrerez. Cette pêche en dérive n’est d’ailleurs pas toujours possible. En Méditerranée, un vent trop fort aura ainsi tendance à faire dériver trop rapidement le bateau. L’appât traînera trop vite sur le fond et l’angle avec votre canne deviendra trop important pour une bonne lecture des touches. Il sera donc recommandé de privilégier des conditions plus calmes. En Atlantique, nous vous conseillons également de pêcher en dérive au début de montant ou en fin de baissant.

 

 

 

 

 

Pour que les poissons restent sur place et afin d’en attirer d’autres, nous vous conseillons de procéder à un amorçage à base de sardines ou de crustacés nommé strouille à proximité immédiate du fond. Une cage amorçoir ou encore un simple sac de jute lesté libérera de fines particules dans le courant qui attireront les dorades sur de grandes distances sans pour autant les nourrir. Evitez de la placer trop haut dans la couche d’eau afin de ne pas attirer des espèces indésirables telles que les maquereaux.

 

 

 

 

Relever votre amorçoir de quelques mètres par rapport au fond sera suffisant. Bien que le seul mouvement de tangage du bateau suffise à libérer la strouille, il sera possible au cours de votre pêche de l’agiter en tirant sur la corde. C’est une bonne solution lorsque les touches diminuent ou quand les dorades sont tatillonnes et qu’elles s’avèrent difficiles à ferrer.

 

Au mouillage, il sera possible d’utiliser aussi bien le montage traînard à soutenir que le montage coulissant. Lorsque les poissons sont bien présents et en activité, le montage traînard s’avère très pratique. Mais avec des conditions très calmes (peu de courants, eaux transparentes) et des poissons difficiles, un montage coulissant sera plus adapté. Ainsi, si vous récupérez fréquemment votre hameçon dépouillé de son ver ou que vous avez de multiples touches sans pouvoir ferrer un poisson, un montage coulissant avec un long bas de ligne peut faire la différence. Notez qu’en privilégiant ce montage, la taille moyenne de vos prises sera plus élevée, les individus les plus vieux étant bien souvent les plus méfiants.

 

 

 

Nous vous conseillons d’utiliser des vers robustes qui résisteront mieux aux attaques des petits poissons indésirables. De même, des vers épais et charnus représentant une belle bouchée sélectionneront mieux les belles dorades. A l’usage sur le terrain, nous vous recommandons ainsi les Rags, les Jumbos, de beaux Mourons, des Américains, etc.

 

Il sera conseillé de les enfiler à l’aide d’une aguille afin de pouvoir mieux ferrer la dorade qui a tendance à grignoter les appâts sans se faire prendre. Privilégiez une aiguille avec une cavité à chaque bout qui s’avère plus pratique à l’usage. De même, choisissez un modèle avec un diamètre de Ø 1 à 1.2 mm afin de pouvoir appliquer une pression suffisante lorsque vous faites coulisser ce type de ver charnu de l’aiguille à l’hameçon.

 

Avis du team :

Véritable aimant à sparidé, le Rag (distribution exclusive Normandie Appâts) est un ver de forte section pouvant atteindre plus de 20 cm et dont la tête est particulièrement solide. Il suffit de l’enfiler à l’aiguille de telle manière que celle-ci se retrouve au niveau de l’hameçon pour une excellente tenue. Ce ver a vraiment le don de sélectionner les plus beaux poissons ! Plus économique que les vers américains, il est également bien plus disponible tout au long de l’année grâce à une ferme d’élevage hollandaise et la distribution Normandie Appâts. Il s’agit certainement d’un des meilleurs appâts pour la pêche de la dorade grise et nous vous le recommandons chaudement !

 

Les touches sont généralement rapides et nerveuses. Le ferrage doit être immédiat afin d’éviter que le poisson ne recrache l’appât. Le combat d’une dorade est très intéressant. Il est reconnaissable par de violents coups de tête incessants. Les plus beaux spécimens ont tendance à sonder et un bon réglage de frein sera nécessaire afin d’éviter les casses lors de ces rushs, - surtout sur ligne fines. Ici encore, la canne devra être très progressive si vous utilisez de la tresse. Une canne raide engendrerait de trop nombreux décrochés. Avec un bas de ligne fin, le combat peut durer mais la dorade se défendant en pleine eau et les zones pêchées étant généralement peu encombrées, les casses dues au frottement contre les roches sont relativement rares.

 

 

Lors de cette pêche, vous constaterez que les périodes où toute activité cesse sont souvent suivies de nombreuses prises de beaux poissons. En effet, les plus belles dorades grises s’appropriant un territoire disposant de nourriture ont tendance à chasser les plus petits individus. Notez qu’il n’est pas rare avec cette technique de toucher également des veirades, des sars, des daurades royales et parfois même des pagres, - et ce, pour le plus grand plaisir des pêcheurs !

 

Conseil Normandie Appâts :

Cette pêche peut être particulièrement productive et il n’est pas rare de faire de très nombreuses prises. Nous vous invitons à respecter la taille légale de capture qui est de 23 cm ainsi que l’obligation de marquage de votre prise (ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale). La ressource n’étant pas inépuisable, nous conseillons aux pêcheurs sportifs de limiter le nombre de prises à leur seule consommation familiale, d’autant que les belles pêches de dorades grises sont fréquentes.