Le montage palangrotte anti-emmêlements de Mathieu Courtin

Publié le vendredi 20 août 2021 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Triplé de poissons de roche (girelles, serran) à la palangrotte pour Mathieu Courtin

 

La palangrotte est une forme de « pêche à soutenir légère » en bateau pour pêcher les poissons de roche (girelles, serrans, labres, sars, daurades, pageots, etc.). Ceux-ci étant généralement destinés à la réalisation de la traditionnelle « soupe », c’est la raison pour laquelle cette technique est également nommée « pêche de la soupe ». D’abord pratiquée de façon ancestrale avec des lignes à main, la palangrotte s’est modernisée et on utilise désormais des cannes au scion sensible nommé buscle. Ce dernier est généralement conçu en fibre de verre ou en fibre de carbone plein afin de pouvoir détecter les touches les plus fines des petits poissons de roche. Les montages ont également évolué au fil du temps pour gagner encore en efficacité et rendre leur utilisation toujours plus pratique. Fort de son expérience sur le terrain, le double champion de France Mathieu Courtin nous explique ainsi un montage palangrotte anti-emmêlements qu’il a spécialement créé pour cette technique très ludique.

 

Montage palangrotte avec nœuds drooper loop de Mathieu Courtin

 

Les montages palangrotte « classiques » sont généralement réalisés avec de simples nœuds de chirurgien. Pourvus de 3 empiles courtes directement nouées sur le bas de ligne, ces types de montages sont volontairement simples et dénués d’accessoires – aussi bien par économie de temps que…d’argent ! Ils sont ainsi considérés comme du « consommable » ne servant que pour une sortie ou même quelques heures. Une fois les hameçons récupérés, ils sont simplement jetés à la poubelle pour en refaire d’autres. Les accrochages sont en effet nombreux et les casses très fréquentes dans ces milieux très encombrés par les roches et les algues. De même, bien que courtes, les empiles se vrillent rapidement en cas de trop forts courants car elles sont dépourvues d’accessoires permettant leur rotation (ex : perles). C’est donc la raison pour laquelle Mathieu a eu l’idée de montages réalisés avec de simples nœuds « drooper loop » – ces derniers lui apportant de multiples avantages en pêches profondes ou en présence de puissants courants.

 

 

Comment faire un nœud drooper loop

 

 

1 : Faites une boucle. 
2 : Faites passer le fil dans la boucle
3 : Puis continuez à faire passer le fil dans la boucle 3 à 4 fois en enroulant dans le même sens. 
4 : Écartez la petite boucle centrale et faites-y passer le fil de la grande boucle.
5 : Réglez la taille de la boucle ainsi formée à votre convenance et serrez progressivement après avoir humidifié pour éviter tout échauffement. Votre nœud est prêt !

Avec l’expérience, ce type de nœud se réalise facilement et très rapidement. Pour ce montage, la longueur de la boucle sera de 3 à 5 cm mais vous pouvez l’allonger à votre convenance jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres de long. L’hameçon à œillet sera bien sur préalablement enfilé sur la ligne avant la réalisation du nœud. Le faire passer dans la petite boucle avant de serrer le nœud sera la phase la plus délicate.

 

 

Les avantages du nœud drooper loop

 

Le nœud drooper loop évite que les empiles ne s’emmêlent

 

Le premier avantage du nœud drooper loop pour le montage palangrotte est tout d’abord de ne nécessiter qu’un seul morceau de nylon. En effet, les boucles servant d’empiles sont directement réalisées avec le bas de ligne contrairement aux nœuds chirurgiens nécessitant d’autres brins de fil. Avec une bonne maîtrise du nœud, la réalisation du montage est donc rapide et relativement simple. Avec ses spires en haut et en bas au niveau du bas de ligne, cette partie est rigidifiée et la boucle est donc parfaitement perpendiculaire. Courte et constituée d’une ligne doublée, cette « boucle potence » est plus directionnelle et subit moins l’influence des courants. Vous limitez ainsi considérablement les risques d’emmêlements ou de vrillages dans les courants. L’intérêt d’avoir une ligne doublée au niveau de la boucle sera également d’avoir une bien meilleure résistance face aux dents des poissons à fortes mâchoires (ex : sparidés).

 

 

L’avantage d’un hameçon aberdeen fin de fer

 

Hameçon aberdeen

 

Mathieu utilise ici des hameçons aberdeen très fin de fer en taille 10 à 12. Comme nous l’a expliqué le champion, ce type d’hameçon est généralement peu utilisé pour un montage palangrotte mais il comporte pourtant beaucoup d’avantages. Ainsi, la hampe longue rend beaucoup plus facile l’eschage à la main d’un morceau de ver. Le décrochage du poisson est également plus rapide. Le gain de temps est appréciable car il apporte plus de temps de pêche – et donc plus de prises. Cette hampe longue limite également les coupes au niveau de la ligne par des poissons à forte dentition – même si celle-ci est plus solide car elle est doublée. Mathieu nous a également confié qu’il choisissait les modèles les plus fins de fer car ils s’ouvrent facilement sous une pression continue (et non en combat avec un gros poisson). L’intérêt est ici de pouvoir récupérer son montage en cas d’accrochage  – et ils sont nombreux dans les zones rocheuses très encombrées. Encore ici, le champion pense à tout bien en amont pour optimiser l’efficacité de ses montages.

 

 

Les bons appâts pour la pêche à la palangrotte

 

Triplé de serrans pour Mathieu !

Les sparaillons sont de petits sparidés qu’on prend fréquemment sur les fonds rocheux

 

L’hameçon étant libre sur la boucle, vous pouvez soit enfiler à la main de petits tronçons de vers d’environ 1 à 2 cm, soit des morceaux plus longs avec une aiguille à ver. Ainsi, quand Mathieu cible les labres ou les beaux sparidés, il place alors des tronçons de 3 à 4 cm qu’il fait remonter sur la boucle. Les deux fils se rabattant lors de l’installation, l’empile est même encore plus rigide et limite alors d’autant plus les risques d’emmêlements. Habitué aux compétitions, le compétiteur utilise une longue aiguille sur laquelle il enfile ces morceaux de vers à l’avance. Il peut ainsi transférer ceux-ci successivement sur les « 3 boucles-empiles » rapidement et très facilement.

Pour la pêche à la palangrotte des plus petits poissons de roche (ex : girelles, serrans, etc.), Mathieu vous conseille ces vers Normandie Appâts :

 

Dures rouges Normandie Appâts
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Un grand classique qui offre une bonne tenue à l’hameçon et qui est assez ferme. Excellent en petits tronçons sur les petits poissons de roche !

 

Demi-dures Normandie Appâts
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La demi-dure est intéressante sur les poissons tatillons qui mordent du bout des lèvres car sa chair plus souple s’écrase plus facilement et découvre encore plus la pointe de l’hameçon lors de la prise en gueule et le ferrage.

 

Mourons Normandie Appâts

 

Pour les poissons de roche plus gros tels que les beaux labres, les grosses vieilles, les sparidés (sars, dorades grises, pageots communs, etc.), Mathieu vous recommande d’utiliser un ver plus épais et charnu tel que le mouron.

 

Le mouron est très apprécié par les beaux labres !

 

Enfilé à l’aiguille avec des tronçons de 3 à 4 cm, le Mouron est un véritable aimant à beaux poissons de roche. C’est pour cette raison que Mathieu l’apprécie autant pour ses pêches en côte rocheuse que pour les pêches à la palangrotte !

 

 

En action de pêche

 

Fabien (l’ami de Mathieu) avec un magnifique serran écriture

 

La pêche à la palangrotte est une technique facile qui est accessible aux débutants et même aux enfants. Les touches sont rapides et nombreuses, - ce qui rend cette pêche très ludique. Même s’il est possible de pêcher au nylon (25 à 30/100) dans de faibles fonds (moins de 10 / 15 m), il sera néanmoins recommandé d’utiliser une tresse fine (10 à 12/100) qui vous permettra de ressentir les touches les plus fines des petits poissons de roche. Dans des profondeurs importantes (20 à 50 m), elle s’avère même indispensable car le nylon possède une élasticité pouvant aller jusqu’à plus de 30 % ! Mathieu vous conseille vivement de disposer de nombreux grammages de plombs afin de pouvoir vous adapter aux différentes profondeurs ou à l’intensité des courants qui peuvent varier au cours de la journée. Ce sera surtout le cas si vous optez pour une pêche en dérive libre car cette technique nécessite alors d’être parfaitement à l’aplomb du bateau pour pêcher efficacement.

 

En attendant après la première prise, il est possible de faire un triplé comme c’est ici le cas pour Mathieu

 

Le pêcheur vous conseille également de ne pas remonter immédiatement votre montage quand vous avez déjà ferré un petit poisson (ex : girelle). Votre montage étant doté de trois hameçons et ces espèces grégaires vivant la plupart du temps en bancs, il est ainsi facile de faire un poisson sur chacune de vos empiles. La remontée du montage au bateau étant une grande perte de temps où vous ne pêchez pas, vous augmenterez ainsi de façon considérable le nombre de vos prises. L’attractivité de l’appât est même augmentée par la première prise qui se débat. Il fait en effet bouger l’esche et ses mouvements brusques créent une excitation alimentaire chez ses congénères. Une astuce qui est couramment utilisée en compétition !

 

Fabien avec une bogue – un poisson qui n’est pas le plus apprécié pour la soupe !

 

Avec le montage de Mathieu évitant les emmêlements et ses hameçons fins de fer limitant de façon considérable les casses en accrochant le fond, vous pourrez vous consacrer d’autant plus à la pêche en multipliant les prises. Une bonne façon de s’amuser et de passer un bon moment sur l’eau  – même quand on débute !

 

Encore un triplé de serrans pour Mathieu !