Lancers longue distance

Publié le jeudi 4 janvier 2018 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Interview de Jonathan Gambier

Jonathan Gambier en plein lancer longue distance

 

Nouveau membre du team Normandie appâts, Jonathan Gambier est devenu récemment champion de France de pêche en surfcasting en octobre 2017. Il est également connu pour ses impressionnants records de lancer. Lors de la qualification pour le championnat du monde, il a ainsi atteint une distance de 198 m (homologué) avec un corps de ligne en 26/100 (diamètre imposé par la réglementation du concours). Son record personnel réalisé avec un corps de ligne en 12/100 est un jet de 235 m enregistré au télémètre laser – ce qui est considérable ! Une de ses pêches de prédilection est ainsi celle de beaux poissons au-delà de la barrière mythique des 200 m.

Jonathan vous livre ici ses conseils ainsi que ses astuces de montages pour réussir vous aussi ces lancers très…très longues distances !

Normandie Appâts

 

Pour des lancers longues distances, le choix de la canne est important !

 

Le choix de la canne

 

Pour réaliser des lancers très longs distances, j’utilise des cannes relativement rigides qui me permettent de bien appuyer mon lancer. C’est nécessaire quand on pratique le lancer plomb posé ou sud africain. Pour des grammages de 100 à 150 g, j’utilise une Wave Fighter Sunset qui est à la fois très puissante tout en étant assez progressive lors du lancer. Pour des poids de 170 à 250 g, j’apprécie la Wave Master Sunset ou la Compétition II de la marque Grauvell. Ces dernières sont hyper puissantes avec une énorme réserve de puissance au talon. Elles sont également assez raides pour supporter l’incroyable pression engendrée par des lancers très puissants.

 

 

 

Montage spécial lancers longues distances

 

Pour des lancers très longues distances, le diamètre de votre corps de ligne est très important. Le nylon le plus fin possible sera recommandé. Plus celui-ci sera épais, et plus la résistance à la sortie de moulinet sera élevée. Le fil frotte en effet sur les lèvres de la bobine et dans les anneaux. Un diamètre fin fait également que la bobine se vide moins rapidement, occasionnant ainsi moins de friction. Il sera de même plus aérodynamique en vol et, pesant moins lourd, il sera plus efficacement tracté par le plomb. J’utilise ainsi du nylon 16 à 12 /100 à peine. C’est une astuce qui a été démocratisée par les compétiteurs espagnols qui l’utilisent beaucoup – comme d’ailleurs les italiens.

 

Je vous conseille également d'utiliser un moulinet à bobine large, longue et peu profonde qui permettra un meilleur déroulement du fil lors du lancer. Il sera d’ailleurs recommandé de remplir le moulinet jusqu’aux lèvres de la bobine afin de diminuer la friction du fil lors du lancer. Attention néanmoins de laisser 1 à 2 mm avant le bord sous peine de risquer des perruques. Notez enfin que l’utilisation d’un fil fin oppose moins de résistance aux vents latéraux lors du lancer (une bannière gonflée réduit les distances de lancers) et qu’il offre également l’avantage d’offrir moins de résistance au courant en action de pêche. Vous tenez ainsi mieux en place à plombée égale.

Un moulinet doté d’une bobine longue, large et peu profonde optimise les distances de lancer

 

De même, afin d’éviter que l’appât n’occasionne trop de frottement dans l’air et diminue les distances atteintes, il sera nécessaire d’utiliser un accroche appâts. L’avantage est aussi de protéger votre ver qui sinon exploserait lors de la puissante impulsion générée lors du lancer, durant le vol ou quand il amerrit. Il existe beaucoup d’accroche appâts sur le marché : l’impact shield, le cascade swivel, l’ABC link clip Gemini, etc.

 

Accroche appât Flashmer

 

Protect appât Flashmer

 

Je préfère néanmoins utiliser un modèle que ma famille a créé. Nous l’appelons « l’hameçon coupé » et les pêcheurs qui l’utilisent le surnomment gentiment « l’accroche appâts Gambier ».

 

Accroche appâts de Jonathan Gambier

 

Il est constitué d’accessoires très simples à se procurer :

 

  • Un hameçon Aberdeen 9146 n°4 VMC qui est coupé à l’aide d’une pince coupante forte ou d’une scie à métaux juste avant la courbure. Cet hameçon convient bien car la hampe est droite, longue et elle ne possède pas d’ardillons inversés. L’œillet d’attache est également suffisamment large pour qu’il coulisse librement sur le bas de ligne assez épais. Il est néanmoins possible d’utiliser de la corde à piano 60 / 100 mais réaliser l’œillet est un peu plus complexe et l’accroche appâts est alors un peu moins rigide.

Hameçon Aberdeen 9146 n°4 VMC

 

  • Un mini ressort autobloquant qui permet de maintenir en place l’accroche appâts

Ressort autobloquant

  • Une micro perle
  • Une perle « œuf de saumon ». De forme assez écrasée, celle-ci a la particularité de posséder un large trou. Elle peut donc accueillir le bas de ligne de 60 / 100 ainsi que la tige de l’hameçon tout en coulissant parfaitement, - ce qui est important.

Perle « Œuf de saumon »

 

Cet accroche appât offre de multiples avantages par rapport à ceux vendus dans le commerce.

  • Il est tout d’abord particulièrement économique puisque le coût unitaire de chaque hameçon et de chaque perle « œuf de poisson » est modique. Il est également très facile à réaliser.
  • La libération de l’empile est automatique lors de l’impact dans l’eau ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres accessoires de ce type.
  • Il est très aérodynamique et n’oppose que peu de résistance à l’air.
  • Contrairement à d’autres accroches appâts, il reste clipsé sur le bas de ligne même lorsque celui-ci est détendu. De même, il ne libère pas l’appât de manière intempestive lors du vol du montage.

 

Conseil :

Je vous déconseille d’essayer de tordre l’œillet de l’hameçon. Lorsque la tige est en position haute dans la perle, la pression du nylon sur l’œillet apporte une tension. La tige bascule ainsi beaucoup mieux lors de la libération de la perle, ce qui rend l’éjection de l’hameçon esché presque automatique.

 

Principe de fonctionnement de l’accroche appâts Gambier

 

Le principe de mon accroche appât « fait maison » est particulièrement simple – et comme bien souvent, les choses les plus simples sont fréquemment les plus efficaces !

Le ressort autobloquant permet de régler beaucoup plus facilement la hauteur de l’accroche appâts sur le bas de ligne par rapport à l’empile ou au traînard. Il offre en effet un coulissement dur qui permet un ajustement parfait. Cette empile ne doit être ni trop tendue, ni trop lâche.

La micro perle permet à la tige de l’hameçon de pouvoir plus facilement basculer et évite que l’œillet ne s’accroche au ressort. L’œillet d’attache de la tige est enfilé sur le bas de ligne puis on y installe la perle « œuf de saumon ». Bien que petite (moins de résistance dans l’air), cette perle un peu ramassée dispose d’un large trou, ce qui lui apporte un coulissement parfait.

En faisant remonter la perle, il suffit de positionner la courbure de l’hameçon esché entre la tige et le bas de ligne. En rabattant la tige sur le nylon, redescendez la perle "œuf de saumon" pour coiffer tige et bas de ligne ensemble. L’hameçon est ainsi emprisonné et ne bouge plus, même lorsque le montage est détendu.

Lors de l’impact à la surface, la pression de l’eau fait remonter la perle vers le haut. La tige redevient mobile et libère de manière systématique l’hameçon. L’empile ou le traînard se déploie alors pour être opérationnel en action de pêche avec un ver parfaitement conservé.

Retrouvez ce pas à pas en image réalisé par Jonathan :

Une fois le ver installé sur le traînard…

…l’accroche appâts est ouvert. Prenez l’hameçon esché...

et rabattez la tige puis redescendez la perle œuf de saumon afin de coincer l’hameçon contre la ligne

Votre montage est prêt à être lancé !

Arraché Protector 5 X 15 Asso

Lorsqu’on souhaite faire des lancers puissants pour atteindre de grandes distances, il est tout d’abord nécessaire d’avoir un arraché. J’utilise ainsi un arraché conique sans nœud (ou queue de rat) : le Nylon Protector 5 X 15 Asso. Afin d’effectuer ces lancers très appuyés, je vous conseille également d’employer un bas de ligne relativement court afin de mieux armer votre lancer vers l’arrière (plomb posé, lancer sud africain, etc.). Celui-ci fera en règle générale moins d’un mètre. En effet, la discrétion n’est pas la priorité sur ce genre de montage.

 

Afin de supporter les énormes forces engendrées par un lancer très puissant avec un plomb lourd, le bas de ligne sera réalisé en 60 / 100 dans un nylon très résistant (ex : X-Force Flashmer). Il est raccordé à l’arraché par un simple émerillon rolling que je recouvre de gaine silicone pour le protéger.

Nylon X-Force

 

Montage longue distance de Jonathan Gambier

 

Pour des lancers longues distances, l’aérodynamisme de votre montage est également très important. Empiles ou traînards opposent ainsi de la résistance à l’air lors du vol du montage. Les meilleures distances de lancers seront donc obtenues avec une seule empile basse comme montré dans cette illustration.

Pour l’attache du traînard, j’utilise des mini ressorts autobloquants qui permettent de le positionner très facilement. J’utilise un petit morceau d’élastique creux rose (une couleur très attractive sur les poissons !) pour les recouvrir afin de les protéger et aussi pour éviter que l’empile ne s’abîme à leur frottement. Une astuce économique que je vous recommande chaudement !

Entre deux micro perles servant de protection et d’arrêt, j’installe un émerillon rolling 15 kg qui permettra d’éviter les phénomènes de vrillages liés aux courants ou encore lorsqu’on ramène le montage. Le diamètre de l’empile varie du 20 à du 40 / 100 en fonction des conditions (mer agitée ou calme, vent, courants, etc.) ainsi que des poissons recherchés. Pour une plus grande rigidité structurelle adaptée à ce montage, j’utilise du fluorocarbone. A quelques centimètres au-dessus de l’hameçon, j’installe une perle flottante autobloquante. Celle-ci dispose d’un stop float interne qui permet de la positionner à votre guise. J’utilise un modèle de 8 mm. Cette petite perle n’a pas pour but de faire flotter l’appât mais bien de l’alléger pour une meilleure aspiration du poisson. Elle a également la fonction de bloquer le ver afin d’éviter qu’il ne glisse lors du lancer.

 

Hameçon 5013 F Gamakatsu

Concernant l’hameçon, j’adore utiliser les 5013 F Gamakatsu. Initialement conçus pour faire des streamers, ils ont une hampe longue et sont particulièrement résistants, - y compris en petites tailles. Leur piquant est également remarquable. En taille 6 ou 4, c’est un des meilleurs hameçons que je connaisse !

 

Jonathan et un flet pris très loin du bord grâce à son montage longue distance

 

Les plombs

 

Les plombs pour le lancer longue distance

 

Le plomb utilisé pour des lancers longues distances est important. Chaque canne ayant un grammage optimal où elle s’exprime le mieux, le poids de celui-ci devra lui correspondre. Seuls des essais sur le terrain vous l’indiqueront. Certains plombs sont également plus aérodynamiques et quand les conditions sont bonnes, je préfère utiliser les modèles ultra profilés et très stables en vol :

Néanmoins, pour que votre montage soit efficace en action de pêche, ces plombs doivent impérativement rester en place et ne pas dériver. Le choix du plomb dépendra donc également des conditions. Ainsi, il faut prendre en compte la puissance et la direction du vent ainsi que la hauteur de la houle. La puissance des courants – souvent liée aux coefficients- sera tout aussi importante. Ainsi, j’utilise ces types de plombs en fonction des conditions :

 

Astuce :

Quand les courants sont trop puissants et que même un plomb grappin ne tient pas en place, j’utilise une astuce. Lorsque les branches débrayables sautent sous la pression que l’eau exerce sur le nylon, il suffit d’enrouler un simple élastique plat autour de celles-ci. Elles supportent ainsi plus de traction tout en pouvant néanmoins s’ouvrir sous une forte tirée continue pour ramener le plomb. Comme je vous l’ai signalé précédemment, l’utilisation d’un corps de ligne fin sera également un avantage car il oppose moins de résistance au courant, ce qui permet de mieux rester en place à poids égal.

 

 

Les appâts

 

 

Jonathan utilise surtout de petits vers noirs ébrodés et séchés pour les lancers longues distances

 

Avec des lancers longues distances, je prends quelques précautions avec les vers que j’utilise. Ainsi, avec les vers noirs (arénicoles), j’ai l’habitude de les ébroder (enlever les viscères) et de les faire sécher pendant au moins une nuit dans du papier journal. Je privilégie également les petits vers noirs qui tiennent mieux que les grands.

 

 

Un ver noir résiste mieux aux lancers longues distances lorsqu’il est ligaturé avec du fil élastique

 

Enfin, j’ai pour habitude de les ligaturer avec un peu de fil élastique très fin pour encore plus de résistance - ce que je fais d’ailleurs avec tous les vers en lancers longues distances.

Appliquer une bonne tension dans l’aiguille permet d’installer le ver rapidement et proprement

 

J’utilise également le Jumbo qui est assez résistant. Même les demi-dures peuvent résister à des lancers appuyés lorsqu’ils sont bien eschés à l’hameçon et ligaturés !

 

Les poissons plats sont souvent touchés avec ce montage longues distance

 

Dans ces pêches à longues distances, tous les types de poissons peuvent être touchés. Sur mes zones de pêche, je touche ainsi régulièrement des flets, des soles, des limandes, des cabillauds, des bars, etc.

J’espère que tous ces conseils vous seront utiles et qu’ils vous permettront d’améliorer vos distances de lancer. Je vous le souhaite sincèrement !

 

Présentation de Jonathan Gambier

 

Jonathan Gambier avec un beau bar pris en surfcasting

Je suis passionné de pêche en Surfcasting depuis mon plus jeune âge.

C’est en effet à l’âge de 9 ans que j’ai fait mes débuts dans la compétition. A ce jour, j’ai eu l’occasion de participer à près de 20 championnats de France où j’ai réussi à me placer à de nombreuses reprises. Derniers podiums en date : vice champion de France en 2016 et champion de France 2017.

Fort de ces résultats acquis tout au long de ces années, j’ai participé à de nombreux championnats du monde en individuel et en club dans des pays tels que le Portugal, le Monténégro, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et la France. J’ai ainsi pu accéder aux plus belles récompenses de cette discipline (médaillé de bronze, d’argent et d’or).

J’affectionne la pêche du mulet, du bar et de la « belle au sourcil d’or » : la daurade royale.

Ce sont des poissons très combatifs qui vous donnent du fil à retordre lors de leur remontée. J’aime également pécher l’orphie pour sa technicité. Ma pêche de prédilection est celle de beaux poissons à très grande distance (environ 200m du bord).

J’utilise les vers Normandie appâts depuis des années pour leur qualité. Je suis heureux aujourd’hui d’intégrer la Team et de partager avec vous ma passion pour la pêche en surfcasting.