Escher un bibi « à l’espagnole »

Publié le vendredi 16 août 2019 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Une lanière de bibi préparée « à l’espagnol »

 

Marc va nous expliquer dans ce tutoriel comment il esche un « bibi à l’espagnole » (l’Espagne est son pays de naissance) pour des lancers très longues distances. Les plages ibériques où il pratiquait sont en effet très plates et il est nécessaire de lancer très loin afin d’avoir suffisamment de profondeur (100 / 120 m minimum). Un bibi esché « normalement » ne supporterait pas des lancers aussi appuyés et exploserait sous la puissance de l’impulsion initiale. Cet eschage spécifique est particulièrement solide et vous garantit une présentation parfaite du bibi malgré un lancer puissant. L’autre avantage est qu’il est particulièrement aérodynamique et qu’il permet ainsi de gagner en distance de lancer. Il est enfin ultra attractif car il présente la face interne du bibi qui est plus tendre, plus sapide et qui présente des reflets irisés très attractifs.

 

Pour l’eschage d’un bibi à l’espagnol, Marc vous conseille de prendre un gros bibi. Plus celui-ci sera gros et plus vous pourrez réaliser de bouchées. Cet eschage s’avère ainsi très économique car il est possible de faire jusqu’à 3 ou 4 bouchées avec un seul bibi !

 

Les ustensiles utilisés sont simples et tous les pêcheurs à l’appât en disposent habituellement :

  • Une aiguille à ver de forte section suffisamment rigide (ex : diamètre 1,5 mm)
  • Une aiguille très fine (ex : diamètre 0.8 mm). Elle est pratique mais pas indispensable.
  • Une paire de ciseaux fins
  • De l’élastique à ligaturer très fin (ici un dévidoir Stonfo)

Vous noterez que Marc a déjà préparé deux bas de ligne avec les hameçons fétiches qu’il utilise pour la pêche de la daurade royale : les Chinu Laser Carbon Gold à palette Asari. Marc apprécie en effet le coloris « gold » (or) pour les sparidés car il a remarqué que ses reflets les attirent sur de grandes distances.

 

Marc commence par couper une des extrémités du bibi avec les ciseaux.
Puis il coupe également l’autre extrémité.
Le bibi se présente désormais comme un tube. Vous noterez que Marc l’a coupé au-dessus de la boîte afin de récupérer le jus attractif. Il sera en effet très utile juste après pour faire mariner les lanières de bibis qu’il va préparer.
Toujours avec les ciseaux, Marc coupe cette fois le bibi sur toute sa longueur.
Marc enlève avec soin les viscères du ver qu’il place également dans la boîte. Encore ici, ils participeront à renforcer l’arôme des lanières qu’il prépare.
Il dispose ainsi d’un rectangle de bibi avec la face interne de la peau présentant de beaux reflets irisés. À cette étape, le bibi est assez rigide.
Marc repère un fil de couleur rosé dans la face interne du bibi. Il s’agit d’un nerf.
Avec l’aiguille la plus fine qu’il possède, il soulève ce nerf avec précaution. Il est également possible d’utiliser le bout pointu des ciseaux mais il faudra faire attention de ne pas le couper.
Celui-ci court sur toute la longueur du ver. Il suffit de le tirer en évitant de le casser car récupérer le bout brisé peut être délicat.
Comme Marc nous le montre, le bibi devient beaucoup plus souple une fois ce nerf retiré. Il sera ainsi plus simple à escher et il s’avérera bien plus attractif pour les poissons. Une astuce très simple mais…encore faut-il la connaître !
Avec ses ciseaux, Marc coupe à présent à la perpendiculaire une lamelle de 3 à 4 cm environ
Les muscles du bibi se présentent transversalement. La tenue sur l’hameçon en sera encore renforcée. Les reflets irisés de la face interne de la peau du bibi et les chairs apparentes contribueront à l’attractivité de cette bouchée.
Marc pose la lamelle sur son aiguille de fort diamètre qui lui servira de support.
En commençant par une des extrémités, Marc entoure la lamelle avec du fil élastique à ligaturer fin.
Il ligature la lamelle en effectuant un grand nombre de tours sur toute la longueur. L’élastique étant en tension, cette ligature exerce une pression qui va au fur et à mesure répartir les chairs uniformément en forme de petit boudin.
Le petit tube de bibi est prêt à être mis sur l’hameçon !
Marc prend alors un bas de ligne préalablement monté. Il place la pointe de l’hameçon dans la cavité de l’aiguille.
Il applique alors une tension sur le fil afin que la pointe tienne bien en place et fait coulisser le tube de bibi sur l’hameçon. L’opération est facile et rapide car le tube de bibi est très robuste. Le transfert s’effectue donc très simplement sans avoir à prendre de précaution.
Le tube de bibi est parfaitement en place sur l’hameçon et est prêt à pêcher. Il ne bougera pas même lors des lancers les plus appuyés !
En prenant une autre lamelle de bibi, Marc nous montre une variante de cet eschage. Comme pour le précédent, il place la lamelle sur l’aiguille et l’enroule avec l’élastique à ligaturer.
Il remonte progressivement en ligaturant avec la même tension jusqu’aux trois-quarts de la lamelle.
Ayant laissé quelques centimètres non ligaturés, il effectue quelques incisions dans le tube avec ses ciseaux.
Une fois transféré, cette variante de l’eschage à l’espagnole présente alors des bouts de bibi qui créent un effet de volume. Ces brins camouflent mieux l’hameçon et rajoute de l’attractivité au montage en étant mobile et en vibrant dans les courants. L’avantage est également de diffuser encore plus d’effluves attractifs afin que les poissons les sentent sur de plus grandes distances.
Marc a l’habitude de faire tremper ses empiles dans le jus attractif du bibi jusqu’au lancer.

 

Marc utilise son montage fétiche spécial daurades royales qui lui permet d’effectuer des lancers très longues distances

 

Ainsi esché, le morceau de bibi supporte parfaitement les lancers les plus appuyés. Il reste parfaitement en place malgré la puissance de l’impulsion initiale et le choc brutal à la surface de l’eau. Il sera parfaitement pêchant – même à des distances considérables (plus de 130 m – et beaucoup plus pour les lanceurs chevronnés).

 

 

Cet eschage du bibi à l’espagnol est très efficace comme le prouve ce doublé de magnifiques daurades royales !

 

Marc Puig nous a confié lors de notre interview qu’il utilise cet eschage à l’espagnol très souvent en compétition avec son partenaire Walter Sarret – membre lui aussi du team Normandie Appâts.

- « C’est un peu mon joker quand les poissons sont peu actifs en pleine nuit. Les autres appâts étant situés à des distances « normales », cet eschage à l’espagnol permet de proposer un appât différent à de très grandes distances – autant qu’avec un ver de sable. On peut appuyer autant qu’on le peut son lancer, cet appât ne bouge pas d’un centimètre et la présentation est toujours parfaite ! Ainsi ligaturé, il ne craint pas les attaques des crabes ou des petits poissons parasites et peut donc attendre longtemps le passage d’un gros poisson. Ca nous a souvent réussis avec la prise de beaux sparidés qui ont parfois fait une grande différence dans notre classement. »

 

Marc nous récapitule les multiples avantages de « l’eschage du bibi à l’espagnole » :
  • Possibilité de pêcher au bibi à très grandes distances
  • Présentation parfaite même après un lancer ultra appuyé
  • Aérodynamisme permettant de lancer encore plus loin (quasiment autant qu’avec un ver de sable !)
  • L’appât ainsi préparé résiste aux crabes et aux poissons parasites en attente d’un beau poisson
  • Présentation hyper attractive avec la face interne du bibi : reflets irisés, chairs apparentes plus tendres et sapides que la peau, diffusion des effluves attractives
  • Eschage ultra économique ! Avec un gros bibi, il est possible de faire jusqu’à 3 ou 4 bouchées.