La pêche des marbrés en surfcasting peut paraître complexe aux débutants. Pourtant, avec quelques astuces et de bonnes stratégies d’un compétiteur renommé tel que Mathieu Courtin (deux fois champion de France !), vous constaterez que cette pêche est beaucoup plus simple qu’elle ne paraît et qu’il est possible de toucher régulièrement ces beaux sparidés. Mathieu vous invite à le suivre lors d’une de ses session et vous livre ici de précieux conseils pour découvrir ou optimiser vos pêches de marbrés

Le marbré étant un poisson qui se pêche de nuit, Mathieu vous conseille tout d’abord de bien organiser votre poste en arrivant avant le crépuscule. C’est d’autant plus important que le marbré est un poisson grégaire – c'est-à-dire qu’il se déplace en bancs parfois très compact. Lors du passage des marbrés parallèlement à la plage, il est donc nécessaire d’être très rapide pour intercepter un maximum de poissons. Rien de pire alors que de perdre du temps à rechercher un nouveau montage ou une simple aiguille à vers quand les marbrés sont de passage !

Comme beaucoup de compétiteurs, Mathieu utilise un râtelier. Les bras transversaux sont dotés de petites encoches destinées à recevoir des montages prêts à l’emploi. Pendant l’attente de la touche, ceux-ci seront eschés à l’avance. À chaque fois qu’un montage est ramené (soit pour vérifier l’appât, soit pour décrocher un poisson), il suffit d’en décrocher un nouveau et de remplacer l’ancien grâce au rolling. En lançant aussitôt, toutes ces opérations ne prennent que quelques instants. Ce sont autant de nombreuses minutes de gagnées ! Avec plusieurs cannes en action de pêche et en considérant que chacune sera relancé des dizaines de fois lors de la session, ces minutes se cumulent et représentent à la fin une durée considérable - autant de temps avec un montage en action de pêche. La différence en termes de nombre de poissons pris peut être considérable !

Vous noterez que certains compétiteurs utilisent même deux râteliers – ceux-ci étant placés de chaque côté du poste. L’un est prévu pour accueillir le montage ramené et l’autre est dédié au nouveau montage esché à l’avance. Ce changement peut être alors encore plus rapide ! Aussitôt après avoir relancé, il suffit d’escher à nouveau le montage et de le transférer sur l’autre râtelier. Une sorte de « travail à la chaîne » (taylorisme) où chaque geste est optimisé pour aller toujours plus vite. Ce sont encore de précieuses secondes de gagnées qui peuvent faire la différence en termes de prises !

Mathieu utilise également une tablette à appâts qui s’avère très pratique en pêche. Surélevée sur un pied ou un trépied, celle-ci se trouve à hauteur d’homme et évite d’avoir à se baisser à terre pour escher son montage. C’est beaucoup plus pratique et le gain de temps est encore ici très appréciable. Cette tablette est dotée de plusieurs réceptacles pour séparer les différents types d’appâts. Un de ces compartiments creux peut également accueillir de menus accessoires très utiles tels que les aiguilles à vers, quelques plombs, un dégorgeoir, des ciseaux, etc. Encore ici, le temps gagné permettra de prendre toujours plus de marbrés lors de la session.

Les marbrés devant souvent être recherchés très loin de la rive, Mathieu utilise un montage spécialement conçu pour atteindre de grandes distances. Il est volontairement court (1,5 m) afin de pouvoir armer la canne avec une plus grande amplitude vers l’arrière lors du lancer. Il est ainsi possible d’appliquer plus de force dans la canne et donc de projeter le montage beaucoup plus loin. Le bas de ligne en nylon de 50/100 permettra d’encaisser la violence d’un lancer puissant avec un plomb lourd (130 à 170 g). Pour les mêmes raisons, vous noterez d’ailleurs que le montage est constitué sans nœud afin d’éviter de le fragiliser.

Pour la fixation de chacune des empiles, Mathieu utilise un mini rolling en taille 20 qui est maintenu en place par des micro perles collées. La rotation multidirectionnelle parfaite des empiles évite les problèmes de vrillages. De même, la petite taille de ces accessoires rend ce montage très aérodynamique – vous permettant donc d’atteindre de grandes distances de lancer.

Le marbré est un sparidé qui se nourrit en fouillant la sable à la recherche de vers, de coquillages, de petits crustacés, de mollusques, etc. Il aspire le substrat et filtre les éléments comestibles avant de recracher le sable. Ce mode d’alimentation très particulier rend sa pêche très délicate. En effet, un hameçon trop lourd ou un bas de ligne au diamètre trop élevé rebuteraient ces méfiants sparidés et vous ferait manquer beaucoup de poissons. Ainsi, Mathieu utilise de fines empiles en fluorocarbone (22 à 24/100) et assez longues (130 cm) pour tromper ce poisson craintif. Les hameçons sont également de petite taille (n° 6 à 4) et suffisamment légers pour être très facilement aspirés par la petite gueule protractile de ce sparidé. C’est ce type de détails qui peuvent réellement faire la différence en termes de résultats quand on recherche le marbré et Mathieu le sait bien.

Par rapport à d’autres compétiteurs utilisant des hameçons de 8 ou de 10, ceux de Mathieu restent néanmoins assez gros. Ainsi, le champion nous a expliqué qu’il préférait cibler les plus beaux spécimens de marbrés. L’autre raison est étonnante. Mathieu a en effet remarqué que les marbrés ont souvent des puces de mer dans la gueule. Avec un hameçon trop petit, la pointe ferre souvent ce petit parasite et ne parvient alors plus à piquer la gueule du poisson. Il a ainsi souvent ramené des puces de mer transpercées par son hameçon après une belle touche. Un hameçon de plus grande taille évite ce type de désagrément et le pêcheur estime ainsi perdre beaucoup moins de poisson. C’est à ce type de détail qu’on reconnaît un compétiteur !

Mathieu a remarqué que la marée montante était très favorable à la pêche des marbrés. Si la pêche est surtout nocturne, sachez qu’il est encore possible d’en faire au lever du jour. Même si le marbré est un poisson se tenant souvent à grandes distances du bord, le compétiteur vous conseille en début de saison de placer une canne à 20 / 30 m du bord à peine car il est fréquent que ces poissons se rapprochent durant cette période. Le reste de l’année, la stratégie de Mathieu pour la pêche des marbrés est de placer ses 3 cannes à des distances différentes afin de trouver les zones de passage des bancs de poissons. Ainsi, la première sera à 70 m, la seconde à environ 100 m et la troisième à la distance de lancer maximale.

Le marbré est un sparidé grégaire évoluant en bancs pouvant compter plusieurs dizaines d’individus. Une fois qu’il a touché le premier poisson, Mathieu place donc ses autres cannes à la bonne distance  – la première à gauche et la seconde à droite. Les marbrés évoluant parallèlement à la côte en quête de nourriture, la seconde prise lui indique la direction du banc. Il suffit alors d’essayer de suivre le sens de déplacement du groupe et d’anticiper sa vitesse pour multiplier les prises. Ici encore, une bonne expérience du lancer pour atteindre régulièrement les bonnes distances sera un avantage certain.

Mathieu a remarqué que les marbrés avaient en moyenne un pic d’activité d’1 à 1,30 h. La majeure partie des prises d’une nuit correspondant à ce délai bref, il est donc important d’être ultra réactif car chaque seconde compte en termes de résultats. C’est la raison pour laquelle le poste doit être parfaitement organisé afin de gagner de précieuses minutes. C’est d’autant plus important quand il s’agit de suivre un banc qui se déplace car le temps est alors encore plus compté !

Le compétiteur a remarqué que le marbré est le spécialiste des « touches à revenir » - c'est-à-dire lorsque le poisson revient vers vous en détendant la ligne. Il utilise donc un écureuil lumineux qu’il positionne entre les deux premiers anneaux. Celui-ci permet de visualiser ce type de touche difficilement détectable sur le scion car lorsque la ligne se détend, ce lest descend. L’écureuil vous indique alors que le poisson revient vers vous en résorbant la bannière de votre fil entre votre montage et votre canne. Mathieu a d’ailleurs remarqué que ce sont souvent les plus gros marbrés qui occasionnent ce type de touche.

Le ver de sable est certainement un des meilleurs appâts pour cibler le marbré et Mathieu le sait bien. Ce poisson fouisseur le consomme dans son environnement naturel et il constitue même une part importante de ses ressources alimentaires. En fait, le ver de sable est une véritable friandise pour le marbré ! Cet appât offre également l’avantage d’être très fin et d’être donc très aérodynamique. L’idéal pour atteindre les longues distances où se trouvent ces sparidés !

Pour bien escher un ver aussi effilé qu’un ver de sable, le champion vous recommande une aiguille très fine et suffisamment longue. Il vous conseille également de l’enfiler en le tenant par la tête car avec la gravité, le ver cessera de se contorsionner et il finira par rester bien droit. L’eschage sera facilité et vous éviterez de le perforer – ce qui a pour effet de le casser.

Bien que le ver de sable soit l’appât de base pour rechercher le marbré, Mathieu utilise également du Mouron, de l’Américain ou du Ver de Chalut Normandie Appâts pour sélectionner les plus gros spécimens

De section plus importante que le ver de sable, le mouron représente une belle bouchée qui sera parfaite pour tenter un gros marbré. L’avantage de ce ver est également de très bien supporter les lancers les plus puissants. Mathieu l’utilise également en présence de nombreux petits poissons parasites dévorant ses vers de sable car il est plus robuste.

Mathieu utilise surtout l’Américain pour le marbré en fin d’automne ou en hiver. Il a ainsi remarqué qu’avec son sang émettant des effluves hyper attractifs, cet appât était très efficace sur les beaux marbrés durant cette période.

Le ver de chalut est l’appât préféré de Mathieu pour sélectionner les plus gros marbrés. Son jus violacé ultra iodé est très puissant et attire les spécimens sur de grandes distances.