Gros chapons en pêches profondes

Publié le vendredi 24 janvier 2020 par Stéphane Charles
  • Technique de pêche

 

Magnifique chapon pour Daniel !

 

Maurice avec un énorme chapon

Connaissance du chapon

 

Nom scientifique : Scorpaena Scrofa.

Famille : Scorpaenidae (scorpénidé).

Noms communs : rascasse rouge, grande rascasse rouge, crapaud de mer, scorpène (ou scorpèno), capoun (Provence, Languedoc), escorpe (Roussillon), cappone (Corse), etc.

 

Le chapon mesure en moyenne 25 à 40 cm mais il peut dépasser les 60 cm pour un poids supérieur à 3 kg. C’est un prédateur benthique chassant sur le fond (benthos : fond). Ce poisson possède une tête longue et massive et une gueule oblique. On remarquera un appendice en forme de palette située au-dessus de l'œil. Le corps présente des lambeaux cutanés, particulièrement sous la mâchoire. Ceux-ci estompent sa silhouette dans la végétation et agissent comme un camouflage lui permettant de se fondre dans les milieux rocheux où il attend en embuscade une proie de passage. La coloration d’un chapon varie fortement d'un individu à l'autre et elle est directement liée à son environnement, à la profondeur et à ce qu’il mange. Il peut présenter une livrée orange, bordeaux, rose ou même jaune mais les teintes tirent surtout vers des dominantes rouges - les algues ou les coraux étant souvent de cette couleur. C’est d’autant plus vrai pour les spécimens vivant profondément - le rouge disparaissant au bout de quelques mètres sous l'eau et cette teinte participant à son camouflage.

 

Ce petit chapon a été aussitôt relâché

 

Réglementation :

 

Selon l’arrêté du 29 janvier 2013, la taille minimale de capture du chapon est de 30 cm. De même, selon l’arrêté du 17 mai 2011, chaque prise devra « faire l’objet d’un marquage » Ce marquage consiste en l’ablation de la partie inférieure de la nageoire caudale. »

 

 

Biotopes

 

L’aire de répartition du chapon s’étend à toute la méditerranée et on le retrouve également en Atlantique sur la côte basque. Le chapon vit sur les fonds rocheux et coralligènes dans des profondeurs de 15 à plus de 250 mètres. C’est un prédateur qui attend en embuscade une proie de passage grâce à son camouflage. Il apprécie particulièrement les trous et les failles dans les roches où il peut se cacher.

 

Le saviez-vous ?

 

Avec ses larges joues, le chapon fait penser à un animal engraissé

 

Le nom de ce poisson a une origine étonnante ! Avec ses larges joues, il fait penser à un animal engraissé, comme l'est le coq castré de nos basse cours. Son nom est directement lié à la qualité de sa chair qui en fait un met de choix. En Méditerranée il est ainsi bien connu pour être le morceau de choix de la bouillabaisse. Même son nom scientifique « Scrofa » fait référence à un animal engraissé puisque ce terme provient de « truie » en latin. Le nom de rascasse (rascasse rouge étant son autre appellation) proviendrait du provencal "rasca" signifiant teigne, faisant certainement référence aux tâches et aux lambeaux cutanés de ce poisson.

 

 

Alimentation

 

Le chapon est très vorace et peut ingurgiter des proies de très grandes tailles par rapport à son corps grâce à son immense gueule. Il consomme des vers (annélidés), des céphalopodes (petits poulpes, casserons, calamars, etc.), des crustacés (ex : crevettes) ainsi que des poissons. Comme dans le cas de certains reptiles, sa digestion est très lente et le chapon peut rester des semaines sans manger.

 

 

Reproduction

 

Les chapons se réunissent au printemps sur des fonds intermédiaires en vue de leur reproduction. Celle-ci peut se poursuivre jusqu'au milieu de l'été.

 

 

2 énormes chapons tenus par la gueule. Évitez de prendre le corps du chapon à pleine main car les piqures sont trés douloureuses et…dangereuses !

Un poisson venimeux !

 

Tout comme la rascasse ou le sébaste, le chapon fait partie de la famille des scorpaenidés, du grec scorpaina signifiant « scorpion » - d’où son nom scientifique Scorpaena Scrofa. Comme l’indique ce terme, ce poisson est venimeux. Il possède des glandes venimeuses au niveau des épines de ses nageoires pectorales, dorsales, anales et pelviennes. Il dispose même d’épines sur la tête ou à l’extrémité de ses opercules. Ce venin est particulièrement douloureux et peut entraîner un choc anaphylactique chez les personnes allergiques – les conséquences pouvant être graves voire fatales ! Soyez donc extrêmement prudent lors de sa manipulation en le tenant fermement au niveau de la gueule – une prise très sécurisante. Il est également possible d’utiliser un fish grip qui permet d’éloigner le poisson de la main porteuse. Si vous vous faites piquer, il est possible d'atténuer presque totalement la douleur en présentant une source de chaleur (briquet ou eau chaude) sur la zone touchée. Son venin est en effet thermolabile et les principes actifs sont ainsi détruits.

 

 

Stratégies de pêche

 

Les gros chapons peuvent être très combattifs au début du combat

 

Dire qu’on va pêcher exclusivement le chapon serait péremptoire. N'oubliez jamais que quelque soit votre technique de pêche, sa capacité à jeûner longtemps fait que rencontrer un chapon en quête alimentaire est souvent le fruit du hasard. En pêches profondes, sa prise se fera généralement en recherchant d'autres poissons benthiques de grands fonds comme les pagres, les merlus, les sébastes, les daurades roses, etc. Il existe néanmoins des zones où les chances de toucher du chapon sont plus importantes. Ainsi, privilégiez les secteurs rocheux à forts reliefs comme les tombants, les falaises ou encore les têtes de roches sous-marines.

 

Il est fréquent de multiplier les prises de chapons sur la même zone !

 

Il existe même des secteurs nommés « pierres à chapon » par les pêcheurs où la concentration de ces poissons sur une zone réduite peut être impressionnante. Il est d’ailleurs à noter que si vous avez pris un chapon sur une zone, il y a fort à parier que vous en retoucherez. Ce poisson nageant assez mal car sa vessie natatoire est atrophiée, il reste le plus souvent posé près de son antre. Dans tous les cas, le chapon se déplaçant peu et n’attaquant que sur de courtes distances, il sera nécessaire de lui présenter l’appât le plus près possible pour qu’il s’en saisisse.

 

 

Techniques de pêche du chapon à l’appât

 

Pour le chapon, l’octopus est un excellent teaser placé devant un appât

 

Ici encore, l’ocotpus en teaser devant un appât offre de multiples avantages pour la pêche du chapon. En effet, il augmente tout d’abord la taille même de l’appât. Avec leur gueule énorme, les chapons apprécient particulièrement les grosses bouchées et vous aurez ainsi plus de chances de les intéresser. Ce poisson étant un prédateur, la ressemblance de l’octopus avec un calamar juvénile qui est une de ses proies favorites jouera clairement en votre faveur. De même, les tentacules ayant des effets de volumes en se gonflant et en se rétractant contribueront également à l’attirer visuellement vers l’appât. Enfin, les vibrations par ces tentacules hyper souples ondulant dans le courant généreront des vibrations hyper attractives que ces carnassiers ressentiront sur leur ligne latérale.

Il sera possible de pêcher le chapon en se servant d’octopus comme teaser devant un appât de deux façons : avec un montage octopus ou encore avec un inchiku.

 

 

Au montage octopus

 

Montage Octopus gros poissons / pêche profondes

 

Ce montage que le team Normandie Appâts bateau utilise depuis longtemps a déjà fait ses preuves – aussi bien sur les gros chapons que sur beaucoup d’autres espèces (ex : pagres, sébastes, merlus, raies, etc.). Ce montage possède une empile haute et un traînard assez court et de forts diamètres afin d’éviter les problèmes de vrillages liés aux pêches profondes et pour pouvoir affronter de gros poissons (ex : gros pagres).

 

Caractéristiques d’un hameçon octopus

 

Les hameçons utilisés seront également assez gros (2/0 à 4/0) car les poissons ciblés comme le chapon possèdent de grandes gueules. Ils permettront également d’accueillir de gros appâts. Des modèles de type octopus à large courbure, forgés fort de fer et dotés d’un excellent piquant seront recommandés.

 

L’astuce du blocage de l’octopus sur l’empile

 

Pour une efficacité maximale, l’octopus est bloqué avant l’hameçon par une grosse perle bloquée avec un nœud double. Vous éviterez ainsi qu’avec la pression des courants, le corps de l’octopus ne se coince dans la courbure de l’hameçon et ne vienne recouvrir l’appât.

 

Gros combat pour Joël !

Beau chapon pris par Joël au montage octopus

 

 

A l’inchiku avec appâts

 

Un inchiku est très efficace sur le chapon

 

À l’usage, l’inchiku s’avère aussi pratique qu’efficace associé à des appâts. Ce leurre étant déjà efficace seul, il ne peut l’être qu’encore plus une fois associé à un appât ! Son utilisation est particulièrement simple. En effet, il suffit de rajouter des vers ou des lanières de céphalopodes sur les hameçons des assist hooks pour être en action de pêche.

 

À la touche, les gros chapons donnent de vigoureux coups de têtes !

 

L’avantage de l’inchiku est d’être « en direct » et de pouvoir le manier pour augmenter son attractivité. Vous pouvez ainsi « réveiller » l’agressivité du chapon par de courtes tirées lui donnant l'impression que sa proie va lui échapper. Le côté pratique de l’inchiku est qu’il est aussi facile que rapide à escher et que son corps sert autant de lest que de leurre. En action de pêche, il est particulièrement efficace sur la plupart des carnassiers marins et donne d’excellents résultats sur le chapon.

 

Daniel a pris ce chapon avec un inchiku esché avec des lanières de calamar

 

 

Les appâts : résistants et conséquents !

 

Pour pêcher le chapon, il sera conseillé d’utiliser de beaux appâts représentant de belles bouchées. Ce poisson a en effet tendance à ne pas se déplacer pour rien ! Ils permettront également d’éviter les nombreux petits poissons parasites et d’attendre assez longtemps l’attaque d’un beau poisson tel qu’un gros chapon.

 

Bibis Normandie Appâts

 

Pour ces pêches profondes, un des meilleurs vers reste l’incontournable Bibi. Les plus gros modèles (G comme Gros) représentent de belles bouchées qui permettent de sélectionner les gros poissons. De même, sa peau épaisse résiste bien aux assauts des petits indésirables. Sa couleur blanche nacrée et son jus très attractif en font un appât de choix pour les beaux spécimens tels que les gros chapons.

 

Bibi esché sur un hameçon octopus

 

Rags Normandie Appâts

 

Ce ver charnu et épais peut atteindre près de 20 cm. Il est alors de forte section et représente une très grosse bouchée – l’idéal pour un poisson tel que le chapon. Sa légère phosphorescence visible par les poissons et son suc hyper attractif font bouger les poissons les plus rétifs sur de grandes distances.

 

 

 

Lanières et tentacules de calamars

 

Lanière de calamar eschée à l’hameçon

 

Une lanière ou un tentacule de calamar seront également des appâts parfaits pour cibler les beaux chapons en grandes profondeurs. Nous vous conseillons de découper les lanières en forme de feuilles et de les repiquer deux fois à l’hameçon afin qu’elles ondulent de tout leur long dans les courants. En plus de leurs effluves, elles émettront alors des vibrations attractives dans les courants.

 

 

Le chapon : une prise aussi rare que…désirable !

 

Joël avec un magnifique chapon

 

Les pêcheurs parlent souvent de la faible défense des chapons. C’est assez vrai pour les plus petits individus mais il faut savoir que les gros spécimens peuvent se battre très âprement au début du combat. Ainsi, le team Normandie Appâts bateau a plusieurs fois été étonné de la défense de certains gros chapons. A proximité du fond, le combat de certains beaux spécimens était ainsi aussi lourd que celui d’un beau pagre ! Ce n’est qu’une fois décollé de plusieurs dizaines de mètres que leur défense a diminué. Ils n’étaient alors pourtant pas simples à ramener car en ouvrant grand sa large gueule, le chapon oppose alors une grande résistance lors de la récupération en plus de son propre poids. Mais quelle que soit le combat d’un chapon, cette prise sera toujours un véritable plaisir pour le pêcheur. Avec sa livrée toujours différente avec des couleurs superbes et son air de dragon, ce poisson est une prise aussi rare que prisée. Et le fait que sa valeur culinaire soit exceptionnelle ne peut que le rendre encore plus désirable.