Comment aborder une compétition surfcasting ?

Publié le vendredi 17 août 2018 par Emmanuel Laubu
  • Technique de pêche

Compétition de pêche en surfcasting

 

J’adore la pêche et je la pratique depuis ma plus tendre enfance. Mon père et mon grand-père sont également des pêcheurs. Dans ma famille, cette passion est ancrée en nous et nous suit de génération en génération. Mes enfants sont d’ailleurs eux aussi sur la bonne voie ! Étant passionné par la pêche et adorant les défis, c’est tout naturellement que je me suis mis à la compétition. Je pense d’ailleurs être un compétiteur dans l’âme. Afin de pouvoir me mesurer à l’élite régionale puis nationale, je suis rentré dans la compétition au sein de la FFPM (Fédération Française de Pêche en Mer). C’est ainsi que j’ai pu à termes participer à des compétitions internationales.

 

Le trophée Argolias qui s’est déroulé en juin 2018 a réuni de nombreux compétiteurs

 

Tout a commencé un soir alors que je pêchais sur une plage à Cannes. A côté de moi, un champion méditerranéen bien connu enchaînait les prises de jolis marbrés, de daurades royales ainsi que de nombreuses autres espèces. Il sortait les poissons les uns après les autres avec une rapidité déconcertante. A cette époque, j’avais alors l’habitude de pêcher la daurade des digues rocheuses sans appuyer mes lancers. Cette plage en pente douce nécessitant des lancers longues distances, je ne faisais donc de mon côté aucune prise. Ce fut un grand moment de solitude ! Après avoir observé ce pêcheur, je me suis décidé à aller lui parler. Nous avons longuement discuté et il m’a donné de nombreux et précieux conseils. J’avais bien le sens de l’eau mais j’ai alors réalisé que je n’avais pas assez de technicité. Une véritable révélation ! Il y a en effet une énorme différence entre la pêche de loisir où l’on place quelques cannes à la recherche d’un joli trophée et la pêche de compétition qui est tellement active. Ce fut le déclic et tout est parti de là !

 

Un équipement digne d’un champion !

 

Après cette soirée où j’avais assisté à un si grand nombre de prises réalisées juste devant moi, il ne me restait qu’une chose à faire : m’équiper et surtout me préparer. En effet, une compétition de pêche en bord de mer réclame une préparation méticuleuse. Il est nécessaire d’être bien organisé car le temps perdu joue en notre défaveur. Une canne qui n'est pas en action de pêche représente ainsi du temps et des prises en moins. Être obligé de faire des nœuds, de replacer un appât sur l’hameçon, de réparer un montage : autant de temps perdu qui vous fait manquer des poissons et qui vous fait descendre dans le classement au profit des autres !

 

Lancer longue distance

 

En observant attentivement mon voisin, j’ai appris une chose essentielle pour la compétition : efficacité et rapidité sont gages de réussite. Je me souviens encore combien j’ai été ébahi par la vitesse d’exécution de ce grand champion méditerranéen. Une fois la prise échouée sur la plage, ce dernier ne perdait pas de temps à décrocher son poisson ou à remettre des appâts. Pour une plus grande efficacité, il dégrafait tout simplement son montage pour le remplacer par un autre avec une grande dextérité. Il pouvait ainsi relancer très rapidement. Il avait sur son poste de pêche un porte-bas de ligne avec de nombreux montages déjà prêts et soigneusement alignés. Dès qu’il avait relancé un montage, il décrochait alors sa prise et il replaçait le bas de ligne sur son râtelier. Si cela était nécessaire, il changeait les empiles ou eschait les hameçons très rapidement. Il faisait ainsi tourner ses montages à un rythme effréné. On sentait qu’il avait du métier ! De temps en temps, je constatais qu’il lançait un peu plus sur la gauche ou légèrement à droite. Les distances de lancer qu’il pouvait atteindre me semblait incroyables à l’époque ! A d’autres moments, il contrôlait son lancer pour atteindre des zones avec une précision stupéfiante. Il était ainsi toujours en action et les prises s’enchaînaient. On aurait dit qu’il était en transe et je restais admiratif devant une telle rapidité d’exécution ! C’est alors que j’ai compris que la pêche de compétition et celle de loisir sont à dix mille lieux l’une de l’autre !

 

Emmanuel avec deux magnifiques marbrés

 

Au cours de cette fameuse soirée qui m’a tant marquée, j’ai eu la chance d’avoir à côté de moi un grand maître qui m’a permis de prendre quelques poissons en me donnant de précieux conseils. Je n’ai pas réussi à pêcher de gros marbrés ni de jolies daurades mais il m’a sauvé de la bredouille – le « capot » comme beaucoup de pêcheurs le nomment. Une fois les manches de la compétition terminée, il m’a également permis de regarder de plus près certains de ses montages. Il m’a alors dit une phrase dont je me rappelle encore aujourd’hui : « En compétition, oublier sa préparation c’est se préparer à être oublié. » Ce que m’a dit Franck ce soir là était pourvu de bon sens. Quand on fait une compétition, on ne vient pas juste avec sa caisse, un fauteuil et quelques cannes. Il faut être préparé et organisé afin de parer à toute éventualité.

 

Un poste parfaitement agencé lors d’une compétition

 

L’année de cette rencontre fut une année d’observation et d’apprentissage. Ce fut une mise en route mais ma soif de gagner était belle et bien présente. Ainsi, mon premier achat fut une canne – mais pas n’importe laquelle ! Je voulais un modèle qui me permettrait déjà d’apprendre les lancers techniques afin de pouvoir atteindre les spectaculaires distances de lancer que j’avais pu observer avec ce grand champion. J’eus une seconde canne à l’occasion d’un anniversaire puis une troisième. Pourquoi trois cannes puisqu’on ne pêche qu’avec deux lors d’une compétition ? Il s’agit en fait d’une canne de réserve pour parer à toute éventualité : une casse lors d’un accrochage, un arraché qui explose lors du lancer, etc. En tournoi, rattacher un arraché prendrait bien trop de temps – et le temps représente des places au classement final ! Comme pour un 100 mètres où tout se joue au dixième de seconde, chaque seconde est importante lors de ce type de compétition. Tout se joue ici au gramme près et quelques minutes perdues peuvent représenter une prise de moins dans le seau. J’ai ainsi perdu la première place d’une compétition pour 4 grammes à peine ! Dans ce type de tournoi, il ne faut donc rien lâcher et être à fond du début à la fin pour espérer l’emporter. La détermination est la seule méthode pour être en haut du classement !

 

Un râtelier permet d’avoir des montages d’avance prêts à être lancés

 

Après m’être équipé de cannes surfcasting, j’ai également acquis des moulinets adaptés à cette discipline. Ce type de moulinet nommé « long cast » (longs lancers) est doté d’une grosse bobine conique qui optimise considérablement vos distances de lancer. Je me suis aussi fabriqué un râtelier me permettant de mettre en place des montages prêts à l’emploi. Toujours afin de ne pas perdre de temps avec l’organisation de mon poste de pêche durant les compétitions, j’ai également doté mon chariot d’une tablette. Celle-ci permet d’avoir tout le nécessaire à sa disposition et à bonne hauteur : les appâts, les aiguilles à vers, les ciseaux, les empiles prêtes d’avance sur de petits plioirs en mousse ronds, etc. Mis bouts à bouts, ce sont tous ces petits détails qui vous permettent de monter dans les classements ! Il est d’ailleurs à noter que cette organisation et ce nouvel équipement m’ont grandement fait progresser dans mes pêches de loisirs – d’autant qu’on apprend beaucoup lors des compétitions.

 

Le monde de la compétition

 

Une compétition surfcasting

 

Avec la compétition, j’ai découvert un autre monde. Pouvoir se mesurer à d’autres personnes partageant la même passion m’a toujours procuré des poussées d’adrénaline. Ces dernières sont d’ailleurs nécessaires pour pouvoir se dépasser car certains soirs il peut être très difficile de faire une prise. Ce sont justement dans de tels moments qu’il ne faut surtout pas baisser les bras car tout se joue alors au gramme près. Il ne faut rien lâcher ! Lors de certaines compétitions, il faudra plusieurs kilos de poissons alors qu’à d’autres, atteindre uniquement un kilo sera largement suffisant.

 

Une compétition surfcasting peut réunir plus d’une centaine de pêcheurs

 

La compétition possède des règles précises qu’il est nécessaire de bien connaître afin d’optimiser sa place dans le classement. Ainsi, si le poids total des prises détermine le vainqueur, il faut savoir qu’en cas d’égalité lors de la pesée, c’est le compétiteur ayant fait les plus grosses prises (et donc le moins de poissons) qui l’emportera. De même, avec les espèces ayant une maille (ex : 20 cm pour le marbré, 23 pour la daurade), il faut savoir qu’il est possible de faire comptabiliser des poissons de tailles inférieures (ex : une daurade de 20 cm). Ainsi, il suffit d’aller voir son arbitre en conservant sa prise vivante. Elle est alors mesurée le plus rapidement possible avant d’être relâchée. Ce poisson est alors noté sur la fiche du compétiteur et lors de la pesée finale, une relation taille / poids préétablie est alors calculée et ajoutée au poids total des prises du pêcheur. Ce sont des données importantes qui peuvent grandement jouer dans votre classement !

 

Emmanuel Laubu devient champion de France de pêche en surfcasting en 2004 !

 

Le but de tous les compétiteurs est de devenir champion régional puis d’atteindre les marches des podiums nationaux. Le Graal est alors de gagner une place aux présélections pour les équipes nationales. Lors de ce type de compétition, une trentaine de pêcheurs s’affrontent durant une semaine et seuls les 5 meilleurs seront amenés à représenter la France au championnat du monde. Cette seule pensée a de quoi vous donner des frissons ! Il existe également le championnat du monde des clubs qui est elle aussi une aventure unique ! Seuls les deux premiers clubs du championnat de France gagnent leur place pour participer à cette compétition internationale. C’est sans doute la plus belle des épreuves car vous la vivez avec les amis avec qui vous vous entraînez dans votre club. C’est également l’occasion de rencontrer les meilleurs clubs du monde – ce qui fait toujours progresser ! Ce type de tournoi demande une préparation minutieuse et une grande détermination. Mentalement, l’équipe doit être très soudée pour pouvoir être en haut du classement. Accéder à un podium est alors une expérience fantastique à vivre – le rêve ultime que j’ai eu la chance de vivre avec mes amis du club.

 

Un titre de vice champion du monde par club pour Emmanuel et ses amis !

 

Quel que soit son niveau, on apprend toujours énormément en compétition. Ainsi, même un très bon pêcheur découvrira des techniques différentes employées par d’autres pêcheurs et des choix de stratégies qui pourront lui être utile à l’avenir. Ce type de comparaisons aide à progresser et ces expériences répétées font qu’on se perfectionne au fil du temps. Avec de la détermination et de la volonté, il est alors possible de vivre de très belles aventures. Il existe sans doute près de chez vous un club de pêche en mer dépendant d’un omnium sport. N’hésitez pas à vous renseigner ! Généralement, les gens y sont à votre écoute et sauront vous aider. Entre passionnés, on se comprend toujours ! Vous y vivrez certainement de très bons moments et vous progresserez rapidement au niveau technique – tout comme cela m’est arrivé au sein de mon propre club.

 

Les montages compétition

 

Deux superbes daurades royales pour Emmanuel Laubu !

 

Les montages sont généralement réalisés à l’avance en hiver par les compétiteurs lorsque la pluie et le froid les empêchent d’aller pratiquer leur passion en bord de mer. Il est toujours plus facile de les préparer sereinement au chaud à la maison ! Le choix des montages pour une compétition est conditionné par la stratégie que vous avez mise en place. Seule l’expérience pourra ici orienter votre choix. Il existe une multitude de montages mais de manière générale, ceux-ci se déclinent en trois principales familles : les bas de ligne à une, deux ou trois empiles. Leurs longueurs peuvent varier de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres en fonction des espèces recherchées, des distances de pêches souhaitées ou encore en fonction des conditions. Ainsi, en présence de nombreux petits poissons proches de côtes, il sera conseillé d’opter pour un montage doté de 3 empiles relativement courtes. Dans le cas où le pêcheur est dans une zone où le poisson est difficile et se trouve à plus grande distance, un montage avec une seule empile basse (ou « traînard ») sera privilégié. En effet, un montage doté d’une seule empile est toujours plus aérodynamique qu’un bas de ligne en ayant trois. Il permet ainsi d’atteindre de plus grandes distances. Toutefois, la stratégie mise en place avant la compétition n’est pas immuable. Il faut être très réactif et ne pas hésiter à en changer lorsque vous constatez que d’autres compétiteurs ont de meilleurs résultats que vous.

 

Belle daurade prise par Emmanuel en pêche de roche !

 

Les compétitions de pêche en bord de mer ne se déroulent pas toutes d’une plage. Dans certaines régions, elles peuvent se pratiquer depuis un quai, une digue, un ouvrage portuaire ou encore d’enrochements naturels. En Méditerranée, nous avons ainsi dans notre calendrier des manches sélectives régionales de pêche dans la roche - la pêche des poissons de soupe comme certains les nomment. Contrairement aux compétitions de surfcasting en plage qui se déroulent de façon générale la nuit, ces épreuves se passent tôt le matin. Elles diffèrent également par l’utilisation d’une seule canne plutôt que de deux car c’est une pêche particulièrement active. La plupart du temps, celle-ci n’est jamais posée sur son support mais plutôt tenue en main. Il est ainsi possible de mieux ressentir la moindre touche et d’effectuer un ferrage plus rapide. Certains compétiteurs sont d’ailleurs des spécialistes de cette pêche. Néanmoins, pour pouvoir prétendre au titre de champion de France – voire plus – il faut être un pêcheur polyvalent et performant dans toutes les techniques. Pouvoir s’adapter à toutes les situations est certainement la plus grande qualité d’un champion.

 

Le poisson que préfère pêcher Emmanuel Laubu en surfcasting est la daurade royale

 

J’espère que ces quelques conseils pourront vous aider si vous souhaitez participer à des compétitions de pêche en bord de mer. Concernant l’expérience qui est primordiale pour remporter une place dans ce type de concours, il n’y a que vous qui pouvez vous la construire. Pour espérer avoir des titres, une grande détermination sera également essentielle. Comme pour toutes choses, le facteur chance peut certes rentrer en ligne de compte mais sachez néanmoins que ce dernier est très loin d’être déterminant.